Kraven ouvrit la porte de la voiture. Si l’on pouvait appeler ça une voiture. C’était un de ces gros 4x4 noir, flambant neuf, qui polluait bien comme il faut l’environnement. Dû moins, c’est ce que racontait les écologistes, ceux qui se battaient à tors et à travers pour l’environnement. Les moldus, bien évidement. Pendant un moment, Kraven s’immobilisa. Pourquoi eux, sorciers, ne se souciaient-ils pas de cet environnement ? Pourquoi se sentaient-ils exclus de ces problèmes que les moldus soulevaient ? Il n’en savait rien. L’homme se reprit. Il n’était pas venu pour ça. Pas pour se poser ce genre de question. Pourtant, il savait pourquoi se genre de question lui venait : l’imminence des … retrouvailles. Retrouvailles. Zakhar savait qu’il n’y en aurait probablement pas. Six ans qu’il était partis. Sans nouvelles, sans un mot. Sans rien. Il les avait abandonnés.
Non. Il n’avait pas eu le choix. Il avait fait ça pour les protéger. Après encore quelques seconde d’hésitation, Kraven coupa le moteur de l’engin tout terrain, posa un pied sur le sol recouvert de neige. De gros flocons glacés tombaient encore du ciel, et en moins de temps qu’il faut pour le dire ils commencèrent à recouvrir le pare-brise du véhicule. L’homme se leva de son siège, claque la porte de la voiture.

Ses pas crissèrent sur la couche blanche qui avait dû se poser depuis un certain temps déjà sur le sol Russe. Kraven en avait mis du temps, à se décider. S’il avait décidé de fuir l’endroit où il était née, ça n’avait pas été par pure plaisir, mais par soucis de protection : lui lycan, il ne savait pas de quoi il était capable de faire, ou de ne pas faire. Incapable de maîtriser la moindre de ses pulsions, il avait décidé de s’éloigner de ceux qu’il avait aimé. Un prix un peu trop fort payé à son gout, pour des pouvoirs dont il n’avait jamais voulus. Pourtant, les choses s’étaient faites ainsi. Il n’avait pas eu le choix, tout simplement. Les choses ne se passaient jamais comme on le souhaitait, au même titre qu’on se surprenait parfois soi-même en faisant certaines chose que dans le passé on ne se serait jamais cru capable. Kraven avait déjà plusieurs fois pensé à retourner en Russie, au domaine où il était né, domaine qui lui appartenait. Mais il n’était pas sure d’avoir assez de courage pour cela. Pourtant, aujourd’hui il était là. Devant les grilles de ce domaine. Il n’était pas venu pour rien, certes, mais il était venu quand même … et il s’était rendu compte que, même s’il savait qu’il n’aurait probablement pas un accueil des plus chaleureux, y retourner lui faisait plus de bien que de mal. Le lycan avait confié Gobelin à Sveltana. Lui et la jeune femme étaient restés en Angleterre. Il l’avait fallut. Et de toute manière, ils n’avaient rien à faire au domaine, particulièrement Gobelin. Surtout pas Gobelin. Kraven n’arrivait pas à l’expliquer, mais il avait ce besoin de distance avec le jeune garçon. Peut être par ce qu’il regrettait encore ce qu’il avait fait. Il avait beau se dire ce ça n’avait pas été de sa faute, les fait était là : l’âme du garçon resterait à jamais dans le corps d’un gamin de 10 ans, et c’était à cause de lui.

Les grandes grilles en fer qui entouraient et protégeaient le domaine étaient toujours là – pourquoi ne devaient-elles plus l’être – Le portail était fermé, à la va vite certes mais fermé quand même. Au loin, malgré le paquet de neige qui tombait, Kraven aperçu deux masses approcher à pleine vitesse vers lui. Des aboiements s’élevèrent, l’homme ne pus s’empêcher d’avoir un sourire. Il poussa la lourde grille en fer, qui grinça. Il la referma derrière lui, fit quelque pas vers l’immense bâtisse qui devenait progressivement visible au fur et à mesure que le lycan avançait. Puis, les deux masses rattrapèrent Zakhar. Aux premiers abords agressifs, lorsqu’ils reconnurent l’homme leurs grognements se transformèrent en jappement heureux.

- Maya … Nox …

Kraven s’accroupit pour poser sa main dans le pelage gris claire de la chienne, qui secoua la queue en sentant le visage du lycan. Le deuxième, qui paraissait plus jeune était également plus foncé. Les deux huskies suivirent l’homme dans son ascension vers le château, roulant quelques fois dans la neige.

Zakhar s’arrêta devant l’entré de l’immense bâtisse. Deux uniques énormes anneaux en fer se démarquaient de la grande porte en bois vieillit, décorée de guirlande rouges et verte. Kraven ne pu s’empêcher d’avoir à nouveau un sourire. Son cœur s’emballait. De la même manière qu’il avait poussé le portail de l’extérieur, il poussa les portes d’entrée. La chaleur l’envahie aussitôt, ainsi que les couleurs qui allaient avec. Les pierres froides qui constituaient le sol avaient été recouvertes de tissus rouge, assortis aux rideaux en velours également rouge. Le brouhaha des clients lui montèrent rapidement aux oreilles. A gauche se tenait l’accueil, tenu par une femme qui était déjà là avant qu’il ne parte. Anastasia. Une femme d’un certain âge, amie de sa mère, ainsi que son père, lorsque celui-ci était encore en vie. En faite, Kraven l’avait toujours connu. Elle faisait partie de la famille, en quelque sorte. L’homme n’était pas étonné de la voir à cette place. Elle lui allait à la perfection.
De derrière sa réception, elle fit signe rapidement au nouveau venu d’approcher, avant d’arrêter brusquement ce qu’elle était en train de faire. Elle se retourna vers Kraven, le fixa quelques secondes, ouvrit la bouche.

- Kraven …

Le lycan s’approcha, certains clients étaient là, attendant que l’hôtesse règle leurs divers problèmes. La femme resta un moment bouche-bée, immobile.

- Kraven …

Répéta-t-elle. L’homme s’approcha, posa ses coudes sur l’accueil. Les chiens étaient retournés dehors.

- Bonjour Anastasia.

Répondit le propriétaire des lieux avec un sourire. La femme déposa ce qu’elle tenait dans les mains, fit le tour de son bureau et vint se poser devant le revenant. Elle sembla hésiter un moment, puis elle entoura l’homme de ses bras, le serrant contre elle. Kraven l’enlaça à son tour. Anastasia essuya nerveusement le manteau couvert de neige de l’héritier. Pendant un moment, les deux s’observèrent, sans dire un mot – sans pouvoir en dire – avant qu’Anastasia appelle une autre hôtesse pour la remplacer. En arrivant, le regard de celle-ci se posa sur Kraven. Anastasia attrapa un épais manteau noir recouvert de fourrure, puis sortie à l’extérieur, par là où était sortit Zakhar. Le calme retomba, au même titre que la neige, qui elle n’avait pas cessée. L’hôtesse sortie un paquet de cigarette, en prie une pour elle et en tendit une autre à Kraven, qui la prit entre ses doigts. Anastasia alluma également son briquet, et la fumée commença rapidement à s’élever. Après une première bouffée, elle rompit enfin le silence.

- Je n’arrive pas à trouver de mots … c’est …
- Je sais … la coupa Kraven … 6 ans, c’est long. Surtout sans nouvelle. Je suis désolé. Je n’ai pas eu le choix.

A son tour, il prit une bouffé de fumé, avant de continuer.

- Je n’ai pas l’intention de rester, j’ai …
- Tu es chez toi Kraven.

Le lycan eu un sourire

- Oui, je sais … c’est juste que … je ne pense pas que tout le monde ai la même réaction que toi.

Plaisanta-t-il à moitié. A nouveau, silence.

- Quand Lukas est venue nous voir pour nous annoncer la nouvelle, on à d’abord cru qu’elle plaisantait. Tu aurais pu venir me prévenir …
- Elle est toujours ici ? demanda Kraven
- Oui, elle est toujours ici. Et elle va bien, si c’est ce que tu veux savoir.

La femme hésita hésita

- Kraven … il faut que je te parle d’une chose … elle t’aimait, tu sais … mais elle n’a pas attendue un homme dont les chances de retour étaient infimes … ne lui en veux pas Kraven
- Je ne lui en veux pas … trancha le lycan … elle a fait ce qu’il fallait …

Les deux cigarettes se réduisaient au fur et à mesure qu’ils parlaient. Si Kraven était heureux de savoir que la jeune femme qu’il avait aimé était heureusement aujourd’hui, il ne pouvait s’empêcher de ressentir quelque chose quant à ce qu’avait dit Anastasia.

- Elle à rencontrer Steeve trois ans après que tu ais … disparu. Elle à accouchée d’une petite fille l’année dernière … (elle prit une nouvelle bouffée avant de continuer) … ils sont partis en course, mais ils ne devraient pas tarder à être rentré …
- Je ne suis pas sure que ce soit une bonne idée. Je veux dire, c’est mieux qu’on ne se voie pas. Il vaut peut être mieux aussi qu’elle ne sache pas que je suis venu … il vaut peut être mieux que personne ne sache que je suis venu.

L’hôtesse jeta un regard interrogateur à Kraven. Depuis quand jugeait-il ce qui était bien ou mal pour les autres ? Anastasia secoua simplement la tête.

- Non, ça lui fera plaisir de te voir. Ça leur fera tous plaisir de te voir. Tu manges avec nous se soir, n’est ce pas ?

Non. Il ne faisait que passer. Il se l’était dit. Seulement passé.

- Non … non. Je passais seulement, Anastasia. Je suis revenu par ce que je devais voir Père Sylvain. Il est toujours au village ?
- Oui, lui aussi, il est toujours là. Au faite … qu’est ce que tu as fait ces 6 dernières années ? demanda la femme

Il y eu un lourd silence. La femme écrasa le mégot de sa cigarette contre l’immense mur en pierre, observant Zakhar d’un air bien décider à savoir ce qu’il avait fait.

- J’ai été transformé en lycan.

Kraven sentit tous les muscles de la femme se tendre. Elle se tourna totalement face à lui, de manière à capter entièrement son intention. Elle fut parcouru d’un rictus

- Tu te fous de moi ?
- Tu te souviens du soir où Lukas et moi sommes rentrés au château ensanglanté. Luka n’avait rien eu, moi je me suis fait mordre. J’avais dis que c’était des loups. Je n’avais pas mentis. Sauf que ce n’était pas des loups garou. C’était des lycans. C’est pour ça que je suis parti.

A nouveau, le silence tomba. A son tour, Kraven écrasa la cigarette contre le mur

- Lukas le sait ?
- Non. Personne ne sait.

Anastasia sembla réfléchir, car ses yeux se perdirent dans le blanc de l’horizon.

- Tu sais, ça va foutre une sacré merde tout ça. Les gens sauront bien un jour. Y en a bien un qui va se rendre compte que y a un souci chez toi. Je suppose que tu es immortel avec ça ?
- Oui. Mais, je suis un sorcier aussi
- Les sorciers vivent longtemps, mais ils ne sont pas immortel Kraven. Ce ne sont pas les moldus le souci. Tu sais ce que l’on fait aux garous et autre animaux de leur espèce par ici …
- Oui, et il serait peut être temps que tout cela cesse d’ailleurs …
- Tu pense vraiment que l’idée d’une seule personne va convaincre celles de centaines d’autres ?
- Je ne suis pas seul.
- Tu n’es pas une centaine, Kraven. Et puis, avant cela, tu étais également contre ce que tu es maintenant
- Et je le suis toujours, Anastasia. Mais certains n’ont pas choisis ce qu’ils sont. Tu penses que je mérite d’être brûlé vif simplement pour le fait d’être ce que je suis ? Je pense au contraire que j’ai suffisamment perdu ce que j’avais comme ça …
- Kraven, je sais que tu as raison. Mais ta voix et la mienne ne suffiront pas pour prouver à tout un village qu’il a tors.
- Tu peux leur demander n’importe quoi ? demanda Anastasia en désignant les deux chiens, après un moment dans le silence
- Oui … ria Kraven … mais ça c’est par ce que je suis leur maître.

Tous deux rirent, au loin les deux chiens aux allures de loup aboyèrent, se roulaient dans la neige. Anastasia se frotta les mains pour se réchauffer.

- Il faut que je retourne bosser.
- Merci pour tout ce que tu fais Anastasia. Pour le domaine. Pour tout.

La femme tapota l’épaule du lycan.

- Au revoir alors, c’est ça ?
- Oui, au revoir. Ça m’a fais plaisir de te revoir
- Moi aussi. Ça leur aurait surement fait plaisir aux autres aussi, mais bon … fais ce que tu dois faire.

Ils s’enlacèrent rapidement, puis s’éloignèrent.

Kraven claqua à nouveau la porte du 4x4. Le monastère était totalement recouvert de neige, la couche blanche sur le toit du clocher témoignait que la neige tombait depuis un certains temps en Russie. Rien d’étonnant. Ici, le chemin avait été dégagé. Une allée en terre gelé menait directement à la chapelle. Un peu plus loin, un autre chemin avait été dégagé, celui qui menait aux écuries. Kraven c’était toujours demandé comment cela se faisait-il que jamais un visiteur est trouvé louche le fait de voir une écurie dans un monastère.

C’était dans cette bâtisse que, 6 ans auparavant, Kraven avait été amené pour être soigné de ses blessures. Chaque sorcier dans le village savait que le meilleur guérisseur était le père Sylvain. Ce qu’ils ne savaient pas, c’était qu’il était lycan. Lui aussi. A l’époque, il avait dû trouver comique le fait qu’on lui ramène un homme qui c’était fait mordre par ses congénères. Sylvain était l’un des rares lycan indépendant que Kraven connaissait. En faite, c’était le seul. Il ne savait strictement rien de lui, mis à part qu’il se cachait sous le masque d’un religieux catholique pour cacher sa véritable nature.

Sylvain était toujours avec son grand frisson noir. L’homme n’avait jamais sut exactement ce qu’il avait fait à cet animal, et à vrai dire il n’était pas sure de vouloir le savoir. Sylvain l’avait probablement mordu, Kraven ne voyait que ce fait pour expliquer le comportement des plus belliqueux de l’équidé.

Kraven s’avançait vers la chapelle, lorsqu’il aperçu dans un des enclos le fameux Sylvain, sur le dos du fameux cheval. Totalement encapuchonné sous la pression du mort qu’utilisait son cavalier, l’étalon trottait avec grâce. Ses muscles tremblaient sous la force qu’il retenait, dansant sous la neige des nuages de bué s’échappaient de ses naseaux. Zakhar passa sous la barrière qui délimitait la zone de travail. Il attendit une réaction de la part du prêtre, celui-ci resta concentrer une bonne minute, occupé à faire effectuer une volte au cheval. Il l’arrêta ensuite l’animal devant Kraven.

- Bonjour Kraven. Quelle surprise de te voir …

Dit-il sans conviction. Il flatta l’encolure de son cheval, qui s’ébroua. L’animal tenta de sentir Kraven, mais l’homme se recula légèrement. L’étalon parus irrité.

- Qu’est ce qui t’amène ici mon cher Kraven …
- Satar est mort.

Répondit simplement Zakhar. Pas un rictus. Pas une réaction.

- Vraiment … et le reste de la meute ?
- Mort aussi
- Comme c’est triste … même la petite protégée de Satar ?
- Non. Elle vit encore. Mais les autres sont …
- Mort, oui je sais. Tu viens de me le dire. Des incapables, probablement, puis ce qu’ils sont mort. Tu vois, ce qu’il y a de merveilleux dans ce monde, c’est cette sélection naturelle … ne reste que les forts, les durs. Félicitation Kraven, tu fais partis de ceux-là. Pour l’instant.

Il eu un léger rire. Kraven lui jeta un regard mauvais.

- C’est tout ?

S’étonna le lycan

- Quoi ? Tu veux que je pleure ? Attend … laisse-moi me concentrer …

Sylvain ria à nouveau. Kraven l’attrapa violement par son col, le descendit à son niveau. Toujours en selle, plié en deux, le prêtre n’avait pas d’autre solution que d’écouter son cadet.

- N’oubliez pas ce que j’ai perdu à cause de vous et de cette meute mon père …

Grogna Kraven. Il lâcha le prête aussi violement qu’il l’avait attrapé. L’homme ricana à nouveau.

- Grogne, Kraven, va-y. Un chien ne peut pas mordre les dents serrées (il fit une courte pause, voyant que son interlocuteur ne répondait rien) Autre chose ?

Kraven fit un pas en arrière, s’éloignant de Sylvain.

- Oui. Au revoir mon père.
- Au revoir Kraven.

Le lycan tourna le dos à son aîné, puis se dirigea vers le 4x4. Il le lui avait dit, personne ne pourrait le blâmer de ne pas l’avoir fait.