In Noctem [PV/ Adriene]

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In Noctem [PV/ Adriene] Loup1

« Bien des chemins mènent à la rédemption,
mais ils ne sont pas tous paisible.
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La lune pas encore pleine se reflétait sur les eaux de ce qu’on pouvait appeler un petit lac. Gelé. Elles laissaient apercevoir des poissons, qui semblaient danser dans leur limpidité profonde. Ils dansaient. Les pattes de l’animal se posèrent sur les rives de l’étendue d’eau, les rayons lunaires qui parvenaient à percer le dôme feuillu, frappaient, au même titre que l’eau, le pelage d’ébène du loup. L'animal sentit la glace, frappa d'un violent coup de patte. Des gerbes d’eau mouillèrent son pelage. Le canidé se redressa alors, huma l’air, s’ébroua. Il s’éloigna de la rive, de la clarté provoquée par la lune.

Dans le silence de la forêt, le crissement des pasdans la neige, de la moindre brindilles briser, de la moindre pierres roulantes, parvenait aux oreilles de Kraven. Puis l’odeur humaine. Pas quelque chose de mal. Son instinct de chasseur lui intimait qu’il n’y aurait pas de proie ce soir, car il n’y aurait pas de tueur. Pas de sang. Pas de chair.
Au fur et à mesure des nuits, les escapades nocturnes en compagnie de Gobelin s’amélioraient. Le garçon parvenait de mieux en mieux à contrôler ses pulsions, celles qui faisaient de lui un tueur. Ils l’étaient tous, plus ou moins, ils le devaient. Parfois, Zakhar se demandait s’il devait prendre ce que Satar appelait « un don » pour une malédiction ou une chance. De la vapeur s’échappait de la gueule du loup noir. A la lumière blanche de la lune, ses membres et une partie de son museau – jusqu’aux yeux – paraissaient plus foncés que le reste du corps. Ne se préoccupant pas plus que ça de ce qu’il avait sentit, il gratta la neige avec l’une de ses pattes.

— MODÉRATRICE —

Adriene se retournait dans son lit depuis plusieurs sans parvenir à trouver (ou plutôt à retrouver) le sommeil. La sortie de secours éclairait la pièce d'une lumière verte fantomatique et projetait des ombres inquiétantes sur les murs. Dans le dortoir, quelques ronflements légers - mais désagréables - se faisaient entendre ainsi que le crépitement du feu de cheminée à l'étage du dessous. Agacée, l'adolescente se leva et descendit dans la salle commune en prenant bien soin de ne pas faire craquer les marches. Elle se pelotonna sur un fauteuil défoncé près de la fenêtre. D'ici, elle pouvait apercevoir une grande partie du parc: la forêt interdite, le terrain de Quidditch, la cabane de Hagrid, les serres, et le lac gelé. Il ne neigeait plus mais une bonne couche blanche tenait sur l'herbe du parc, lui donnant un aspect féérique. La neige était presque immaculée, excepté dans le triangle entre le château, le terrain de Quidditch et les serres: un lieu de passage évident, même en pleine nuit.

La Gryffondor jeta un regard sur la grande horloge de la salle: trois heures et demi. Un rapide calcul mental, il ne lui restait plus que quatre heures à dormir, où à ne pas dormir en l'occurrence.
Le feu émettait une chaleur presque étouffante. Adriene colla son front sur la vitre glacée et ferma les yeux. Elle frissonna. Une escapade nocturne lui ferait sans doute du bien. L'idée était venue comme ça. Doucement, elle remonta dans le dortoir et silencieusement, dans le noir, elle enfila un jean et une robe de sorcier. Quelques instants plus tard, elle était de nouveau dans la salle commune. En deux temps trois mouvements elle mit ses chaussures, un cache oreille et une écharpe aux couleurs de Gryffondor, puis se faufila au dehors de la salle à travers le tableau qui servait de porte.

Une fois dans le couloir, elle réalisa que son idée d'aller se promener dehors était complètement stupide: en effet, elle aurait mieux fait de se recoucher avec un somnifère... Elle fit volte-face et son visage se décomposa. La grosse-dame du tableau n'était plus là. Elle passa de la frustration au rire en une seconde. Comme ça au moins elle n'était plus tentée de se recoucher, elle était coincée dehors. Il ne restait plus qu'à rejoindre l'extérieur du château sans rencontrer Rusard ou un professeur (et Peeves non plus si possible).

Chose pensée, chose faite. L'avantage d'être en septième année c'est qu'on commence à connaître les passages secrets et les raccourcis... Elle descendit les sept étages à toute vitesse sans croiser âme qui vive (ni âme qui est morte d'ailleurs). L'air frais de l'extérieur l'enivra. Elle ne voulait plus que ça, respirer. Si elle avait eu dix ans, elle aurait bien fait un bonhomme de neige, ou couru partout comme une folle, mais elle se retint. Elle se contenta de profiter de chaque instant, de contempler le paysage. La lune qui se reflétait sur le lac éclairait assez pour voir clair, et la neige scintillait de partout, tentatrice. Une légère brise faisait voler ses cheveux. Adriene leva la tête et pour la première fois depuis une éternité, elle remarqua que les étoiles brillaient vraiment, le ciel était dégagé.

Faire sa trace dans la neige est le péché mignon d'une quantité de personne, incompris les adolescentes de septième année à Poudlard. C'était vraiment trop attrayant pour passer à côté. La jeune fille s'écarta du chemin et se dirigea vers la forêt interdite en faisant bien attention à lever les pieds pour avoir des traces de pas nickel. Arrivée à la lisière du bois, elle se retourna et observa avec contentement la route qu'elle avait tracé. Un sourire satisfait s'afficha sur son visage. Il se remit à neiger. Les flocons tombaient, très épars au début, puis de plus en plus serrés. le vent les envoyaient et les faisaient virevolter dans tous les sens. Au lieu de rentrer vers le château, Adriene décida de s'abriter sous les arbres épais de la forêt interdite. Elle avança un peu plus loin, plus elle s'enfonçait, plus il faisait sombre. Elle avait à peine fait vingt mètres quand un craquement attira son attention. Elle se stoppa net, et tendit l'oreille. Quelqu'un venait. Quand elle l'aperçut, son cœur se retourna. Kraven Zakkhar, professeur de potions, directeur de Serpentard, et accessoirement casseur l'élèves, se trouvait à quelques mètres d'elle. L'adolescente se plaqua derrière l'arbre le plus proche de manière à ce qu'il ne la voit pas, et retint son souffle. Elle avait pris les précautions nécessaires pour ne pas croiser quelqu'un dans le château, mais il ne lui était même pas venu à l'idée qu'elle allait trouver un professeur dans la forêt.

Il rajusta sa veste, carrément glaciale, même par-dessus sa chemise. Ses cheveux mouillés, trempés par leur excursion dans l’étendue d’eau gelée, avait finis de gouttés, mais brillait encore lorsque la lune venait les frapper. Il était tard, et serait rentré, si une de ses élèves n’avait pas eu la merveilleuse idée de sortir en pleine nuit. L’odeur de l’humaine l’envahit aussitôt, toujours aussi entêtante, même depuis le temps. Kraven se paya même le luxe de la reconnaître : Dexford. 7eme année, à Gryffondor. Avant que celle-ci ne l’aperçoive, l’homme jeta un regard en direction des empreintes de loup qu’il avait laissé. La neige ne pardonnait pas.

Pendant un moment, Zakhar hésita à tourner les talons et laisser la fille. Mais après ce qui c’était passé avec Ulric … l’idée n’était pas forcément la meilleur. Il continua donc d’avancer, jusqu'à voir la gamine s’immobiliser derrière un arbre. Histoire de passer inaperçu. Ce que Kraven n’arrivait pas à comprendre, c’était la stupidité des élèves. Après l’attaque du jeune garçon quelques semaines auparavant – garçon qui appartenait à la même maison que la jeune fille – Miki avait bien répétée qu’en aucun cas les élèves ne devaient s’aventurer dans la Forêt Interdite. D’une part parce qu’il en avait toujours été ainsi, ensuite parce qu’en ces temps sombres la sécurité était un luxe qu’il ne valait mieux pas remettre en jeu.
Le directeur de Serpentard souleva un sourcil. Pendant un moment, il se demanda si Dexford était sérieuse, où si elle réagissait de cette manière pour « détendre l’atmosphère » qu’elle avait probablement deviné tendue. Kraven se pencha légèrement, pour jeter un regard derrière l’arbre.

- Vous vous foutez de ma gueule Miss. Dexford … je vous rappelle que je peux vous sentir … il y a un mot que vous ne comprenez pas dans « Foret Interdite »

Demanda le lycan, sans finalement attendre réellement de réponse. Il vit la jeune fille sortir de sa cachette, Zakhar en profita pour s’avancer vers l’étendus d’eau, afin d’y effacer ses traces. Il passa son pied sur les marques laissées dans la neige

- Je vous conseil de prendre note : ce n’est pas par ce vous ne me voyez pas que je ne vous vois pas …

Kraven finit par se retourner pour entendre les explications de Dexford. Par ce qu’elle allait surement lui en donné, d’ailleurs elle avait plutôt intérêt.

— MODÉRATRICE —

La jeune fille se figea. Il l'avait vu, ou plutôt sentie, c'est bizarre comme mot, mais le professeur l'avait employé. Adriene se retourna et sortit de derrière l'arbre. Situation puérile qui lui rappelait ses parties de cache-cache quand elle était petite, sauf que quand elle jouait à cache-cache, c'était d'autres gamins qui la sortaient de sa cachette en rigolant et non un professeur sévère qui l'avait chopé dans un endroit où elle n'avais aucune raison de se trouver, et qui était interdit, comme son nom l'indiquait.

Elle s'attendait à se retrouver face à face avec Zakhar, mais non. Il était un peu plus loin, au bord du lac et "jouait" avec la neige, avec ses pieds. Elle s'attendait à se faire engueuler fortement, mais non. Le directeur de Serpentard ne lui fit même pas une leçon de morale sur les dangers de la forêt interdite. Seulement, elle passait pour une autruche et c'en étais d'autant plus ridicule. C'en étais même frustrant, elle aurait presque préféré s'en prendre plein la figure directement. L'atmosphère était tendue, comme si tout allait lui tomber dessus plus tard.

Kraven lui tournait toujours le dos. Adriene en profita pour dégager ses cheveux de son visage. Ils étaient trempés de neige. Un glaçon lui coula dans le dos, le long de l'échine. Elle tressaillit au moment ou son professeur lui fit enfin face. Il attendait apparemment des explications, où une bonne excuse pour que l'élève se trouve dans la forêt à trois heures du matin... malheureusement elle n'avais pas d'excuse. Sur le coup, elle avait trouvé l'absence de la grosse dame comme un bon prétexte, mais après réflexion, le problème n'était pas qu'elle n'était pas rentrée, mais qu'elle était sortie. Il la fixait.

- J'avais besoin de prendre l'air.

Presque pas valable comme excuse. Mais c'était la raison qui l'avait poussée à sortir. Elle baissa les yeux.

Durant quelques secondes, Kraven fixa Dexford. L’administration de Poudlard avait fait en sorte que l’attaque d’Ulric soit passée sous silence, tout comme la nouvelle nature du garçon, et tout ce que cela entraînait. Envie de prendre l’air … Zakhar se rapprocha de la jeune fille, soupira.

- Vous êtes grande Miss. Dexford … vous faire une leçon de morale à votre âge ne servirait à rien – pas pour cela dû moins – Je considère que vous savez ce que vous avez à faire.

A chaque parole, un nuage de vapeur s’échappait de sa bouche. Si le lycan savait pertinemment que les ados de la gente masculine étaient pour la plupart immatures, il savait aussi que ceux de la gente féminines étaient un peu plus évoluée – ce qui ne leur empêchait pas d’être idiote ~~(relativement souvent)~~ –

- Vous savez, Miss. … cela fait des années que l’on doit vous répéter les mêmes choses … mais ce n’est pas pour rien que certaines règles vous interdisent certains actes. Si jusque là les choses ce sont bien passées … ce qui était vrai hier n’est plus vrai aujourd’hui. Et croyez-moi sur parole … aujourd’hui tout cela n’est plus une question de danger ou non … mais bien de vie ou de mort.

Il la regardait, comme pour s’assurer qu’elle l’écoutait bel et bien. Le professeur se tenait toujours devant elle. Comprenait-elle ce qu’il était en train de lui dire ? A vrai dire, il n’en savait absolument rien. Elle pouvait très bien faire semblant. Ou pas.

- Vous comprendrez que mon devoirs m’oblige à vous ramenez au château, même si je comprends plus que bien votre « besoin de prendre l’air ». La prochaine fois … vous ouvrirez simplement la fenêtre de votre dortoir. Personnellement je préfère entendre des cris de mécontentement que des cris de douleurs.

Blagua le lycan. D’un signe de tête, il invita Dexford se diriger vers le château.

— MODÉRATRICE —

Adriene ne comprenait pas vraiment la nécessité de ne pas aller dans la forêt interdite. A part le fait qu'elle soit interdite, il n'y avait aucune raison apparente de ne pas y aller. Évidement, "pas de raison apparente" ne veut ps souvent dire "aucune raison". Depuis la première année, le personnel de Poudlard et les professeurs passaient le plus clair de leur temps à rappeler aux élèves les dangers de cette forêt, ainsi que le nom de toutes les sortes d'animaux qui y rodaient et qui pourraient les dévorer. Enfin jusqu'à lors, l'adolescente n'avais jamais croisé de bêtes sauvages dans le parc de Poudlard et dans la forêt.

Pourtant, le professeur avait l'air sérieux dans ses propos. Son regard pénétrant était empli d'inquiétude et ses paroles paraissaient plus sincères que répétées et réchauffées, vides de sens. A l'idée qu'il pouvait vraiment y avoir des créatures dangereuses dans la forêt, Adriene frissonna. La neige glissait de ses cheveux à l'intérieur de ses vêtements et le long de sa colonne vertébrale. Le bruissement des feuilles et du vent lui filaient la chair de poule presque autant que le froid de plus en plus intense. Ses lèvres devaient être bleues. Le professeur devait la raccompagner au château. Tant mieux. Maintenant qu'elle avait réellement pris conscience, elle ne tenait pas à rester seule.

- Je comprends.

Kraven lui adressa un signe de tête et fit quelques pas en direction du château. Cependant, au lieu de lui emboiter le pas, la jeune fille resta figée. En face d'elle, juste dans l'alignement de l'endroit où se trouvait Zakhar un instant auparavant, se tenait un Griffon. Il était caché entre deux arbres, dans l'ombre, mais les formes de son corps se dessinaient assez bien sur la neige pour que la jeune Gryffondor reconnaisse l'emblème de sa maison. Elle se tenait droite comme un piquet, le regard planté sur l'animal, sans oser bouger. Elle ne savait même pas si la créature risquait de l'attaquer si elle faisait un mouvement. Son cœur battait à fond dans sa poitrine. Kraven se retourna en remarquant qu'Adriene ne le suivait pas. Même si il n'avait pas vu l'animal, il comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas et revint vers son élève, l'air inquiet. Elle retint son souffle et articula du mieux qu'elle pût malgré sa peur.

- Professeur...

- Je sais

Kraven s’était arrêté. Derrière lui, il sentait l’animal. Jamais il ne l’aurait crus capable de se pointer en la présence du lycan. Zakhar n’eut même pas besoin de se retourner pour ressentir le flot sentimental de la jeune fille derrière lui.

Le directeur de Serpentard se retourna. Le griffon fit un pas vers Dexford, l’air menaçant. Il déploya soudainement ses ailes, comme pour paraître encore plus grand, lança plusieurs cris perçant, les yeux fous de rage et de colère. La situation était simple : ils étaient visiblement sur son territoire, et cela ne lui plaisait pas vraiment. Mais ce que le poulet ne semblait pas savoir, c’était que lui-même était sur le territoire d’un autre : le SIEN, en l’occurrence. Et Kraven avait bel et bien l’intention de jouer là-dessus. Le lycan s’avança vers la bête, qui ne fit d’abord pas attention à lui, jusqu’au moment où un grognement suffisamment fort de la part de Kraven la força à se retourner. La suite fut fulgurante. Outrée par le fait qu’un autre puisse remettre en question son autorité, le griffon frappa violemment le lycan. Ses griffes s’enfoncèrent dans la joue du professeur, qui baissa la tête sous l’impacte. Quelques gouttes de sang se déposèrent sur la neige, Kraven serra les points. L’hybride recula violemment. Poussa à nouveau quelques cris perçant, mais s’évertua à reculer, quitte à percuter la fille derrière lui si le besoin s’en faisait. Zakhar passa une de ses mains sur la plaie, avant de la tendre en direction de l’animal. A la vue du sang, le griffon s’agita encore plus, se laissa tomber au sol, se releva, battit des ailes. Il fit par s’allonger sur le sol, la tête à découvert. S’il l’avait pus, il se serait mit sur le ventre.

- Stupide poulet.

La plaie sur la joue de Kraven commença à se refermer, tendis qu’il sortit sa baguette de sa manche droite. De sa poche, il prit une petite serviette sur laquelle il essuya le sang déposé sur ses doigts. Il pointa ensuite la baguette en bois de hêtre sur le griffon.

- Ligamento.

Incanta froidement l’homme. L’animal tressaillit, puis fut immobilisée par des cordes magiques. Les yeux du griffon s’agitèrent, cherchaient une aide qui ne lui viendra pas. Les flancs de l’hybride se soulevaient par grand à-coups, durant un moment Kraven le fixa méchamment, hésitant à le tuer. Après tout, ils étaient deux bêtes, et leur lois n’était autre que celle du Talion : œil pour œil, dent pour dent … et le meilleur moyen pour empêcher un adversaire de vous renvoyer la pareille, c’était de ne pas le lui permettre. Sauf que Kraven et le griffon n’étaient pas entre bête.

Le regard du professeur se posa sur Dexford. Sa plaie s’était totalement refermer. D’un geste de baguette, il désigna le griffon.

- La prochaine fois que vous vous retrouvez en face d’un griffon, ne faites pas ce que je viens de faire. La prochaine fois que vous vous retrouvez en face d’un griffon, courrez. Et espérez que la limite de son territoire soit proche.

Zakhar rangea la serviette dans sa poche.

— MODÉRATRICE —

Encore une fois, Adriene fût surprise par Kraven. Il ne s'était pas retourné, n'avait donc pas vu le Griffon, mais il avait deviné sa présence, ou l'avait senti, conformément à sa référence précédente "je peux vous sentir". En deux temps trois mouvements, le professeur s'approcha de l'animal, grogna, et se prit un coup de patte ou de griffe de la part de son adversaire, visiblement contrarié. L'adolescente eût mal pour Zakhar mais son état de détresse ne lui permettant pas d'agir, elle ne pût que se baisser. Accroupie au pied de l'arbre, elle se cacha les yeux d'une main et ne les rentrouvrit que pour voir la bête reculer vers elle.

Tétanisée, elle se protégea la tête dans ses bras. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, en excluant le fait de ne pas se protéger la tête et de regarder la baston entre le professeur et le griffon. Quand le silence revint, elle rentrouvrit légèrement les yeux, elle balaya la scène du regard: trois gouttes de sang sur la neige, le Griffon immobilisé au sol, couché sur le flanc, et Kraven même pas blessé, qui profitait de la situation pour lui faire un cours de soin aux créatures magiques.

L'adolescente tremblait toujours. De peur bien sur, mais le froid jouait également maintenant. Une couche de neige recouvrait ses vêtements malgré l'épaisseur des arbres, ses cheveux dégoulinaient dans son dos, et ses chaussures qui n'étaient pas assez étanches, inondées. Elle se releva doucement tout en s'appuyant sur l'arbre pour ne pas trébucher. Son professeur était bien rassurant, mais courir aussi vite qu'elle pouvait si elle se retrouvait face à un Griffon et dans ces conditions à savoir quinze centimètres de neige, équivalait à faire trois mètres et se vautrer spectaculairement, puis se faire dévorer par la bête. Elle tressaillit.

- Je vois.

Forcément, elle n'y avais jamais pensé mais cela faisait une raison de plus pour ne pas retourner dans la forêt interdite en pleine nuit. Elle jeta un dernier regard angoissé sur l'animal et se rapprocha de Kraven. Simple précaution bien sur, ce n'était pas comme si elle était vraiment terrorisée... Ou peut être bien que si. La Gryffondor sortit sa baguette de sa poche, mais elle hésitait à lancer un "lumos". Ce n'était peut être pas une bonne idée. Elle lança un regard interrogateur au directeur de Serpentard tandis qu'ils se dirigeaient vers la sortie du bois.

Kraven retira sa veste pour la tendre à Dexford. Le lycan jeta un dernier regard vers le griffon … dans quelques heures, le sortilège de ligotage ne ferait plus effet, et l’animal serait libre. A présent, le Directeur de Serpentard et son élève marchaient à la même hauteur.

- Vous n’êtes pas très futée pour une élève qui a passée presque 7 ans à Poudlard, Miss. Dexford. Sortir dans la Forêt Interdite sans en connaître les dangers, à moitié couverte, et sans réel explication …

L’homme laissa sa phrase en suspend, sans la terminer : il savait qu’il n’en avait pas besoin, Dexford venait surement de ressentir assez de choses pour la dissuader de remettre les pieds dans cette forêt. La neige crissait sous leur pas et le silence apaisant avait reprit ses droits, replongeant la forêt dans son calme originel.

Après plusieurs minutes d’absence totale d’échange, à quelques mètres de la lisière de la forêt, Kraven rompit le silence.

- Nous allons faire un petit marché Miss. Dexford : vous ne remettez plus les pieds dans cette forêt, et moi en retour j’oublie ce qui c’est passé cette nuit. Cela vous semble-t-il juste ?

Demanda-t-il faussement. Zakhar n’avait aucune intention de marchander avec la jeune gryffondor, encore moins lorsqu’elle était à l’origine en tors.

— MODÉRATRICE —

Adriene resta fixée sur le griffon. le regard planté, la bouche légèrement entrouverte, elle finit par emboîter le pas de son professeur. Elle entendait les reproches de Kraven sans les écouter, sans les comprendre. Sa vie tenait donc à si peu de choses? Si elle avait eu assez de jugeote pour prendre l'air en ouvrant la fenêtre du dortoir, elle aurait fini par se rendormir et serai maintenant bien au chaud dans son lit au lieu d'être ici, sous cette neige qui infiltrait ses vêtements, la gelant de l'intérieur.

Et si le directeur de Serpentard n'était pas arrivé juste au bon moment pour la sauver, comme dans les films, elle serait sans doute actuellement en pièces détachées dans une mare de sang rouge écarlate sur la neige blanche étincelante sous la lumière de la lune, juste le reflet d'une petite conne (Nanananana...) L'imagination la travaillant, elle eût tôt fait de se visualiser dans cette situation et une vague de culpabilité l'envahit.

Zakhar finit par rompre le silence qu'il avait laissé s'installer. Il lui proposa un marché, sérieux. Trop gentil et largement à l'avantage de la jeune fille, limite suspect. Perplexe, elle s'arrêta et fit une "moue de la bouche". De toutes manières, elle avait très bien compris qu'il s'agissait d'une question rhétorique et qu'elle n'avait pas le choix.

- Merci professeur.

Elle avait toujours la veste de Kraven sur les bras, lourde et chaude. Frissonnant de partout, la jeune Gryffondor enfila les manches. Kraven était loin d'être un géant mais son manteau l'était presque. Il trainait quasiment dans la neige, les épaules lui arrivaient limite au coude et les manches étaient beaucoup trop longues, mais il était confortable et anormalement bouillant.

Le lycan continua d’avancer, bientôt ils atteignirent tous deux le parc immensément blanc du château. La neige c’était remise à tombée à gros flocon, ce qui n’était pas plus mal : leurs empreintes seraient ainsi effacées, ce qui ne laisserait aucune trace de leur rencontre nocturne.

Kraven entra dans le château par les cachots, histoire de faire le moins de bruit possible. Les grandes portes étaient certes ouvertes, mais lourde et surtout mal graissées : elles grinçaient au moindre mouvement. De la vapeur s’échappait toujours de la bouche de Kraven, lorsqu’il entra au sous-sol, suivit d’Adriene, celle-ci disparue [la vapeur hein … pas Adriene …] mais ce ne fut que lorsqu’ils atteignirent le rez-de-chaussée que les deux sorciers furent frappés par la chaleur du château. Zakhar monta les escaliers sans s’arrêter, sans pour autant courir : assez rapidement pour avancer, mais suffisamment lentement pour laisser Dexford le suivre. Arrivé au 7eme étage, ils montèrent jusqu'à la Tour de Gryffondor. Le Directeur de Serpentard s’arrêta devant le portrait de la Grosse Dame, qui s’était réveillée bien malgré elle, et qui affichait une mine peu aimable, mais n’osait pas dire mot, n’ayant pas n’importe qui en face d’elle. Zakhar donna le mot de passe, et le portrait laissa le passage pour la Salle Commune de Gryffondor libre. Kraven s’écarta pour laisser passer Dexford.