Un simple Félin [PV]

— JOUEUR / JOUEUSE —

Les derniers éclats du soleil illuminaient l'orée de la forêt ; un vent doux accompagnait cette vision ce qui offrait aux rares passants un sourire, soi triste des beaux-jours qui s'éloignaient à grands pas, soi heureux d'avoir retrouvé un tant soi peu de lumière dans leur vie. Cette lutte acharnée entre l'hiver et l'été perduraient depuis des millénaires, et pourtant beaucoup se prenaient à espérer qu'un beau matin, l'hiver ne vient plus, pour laisser un climat doux en Angleterre.

Sottise – jura intérieurement le félin qui bondit d'une branche basse, cassée par la dernière tempête, pour atterrir sur une nouvelle. La fraîcheur de l'Hiver est un réconfort pour toutes les âmes en peines. Ce que vous êtes, tous, depuis ces derniers mois. Vous niez simplement l'évidence, vulgaires pantins éphémères.

L'animal continuait ses légers sauts, avec une grâce bien à lui qui rendait chacun de ses mouvements beau. Une courte pause au sommet d'une butte permit à l'Animagus de distinguer un petit groupe d'individus qui errait sans but aux alentours du bois, dans la longue plainte qui encerclait le village voisin. Une seule demeure, orgueilleuse, défiait les êtres de la forêt avec son cimetière qui l'arpentait sans gêne.

La vision étonnante de cette demeure aiguisa la curiosité de l'animal. Son nouveau saut, plus audacieux, le menant sur l'une des haute branches d'un arbre mort, lui offrant une nouvelle vision de la contrée. Il s'allongea, en équilibre, et scruta les mouvements aux alentours à ce Manoir. Peu de moldus érigeait un cimetière dans leur jardin, comme passe-temps. Une imposante statue représentant un Ange de la mort, sûrement, se dressait fièrement devant l'une des tombes. Le côté froid du lieu laissa le félin pensif.

Avec douceur sa tête vint se poser sur ses pattes antérieurs, pour se reposer. Le souffle long, sa présence demeura durant de longues heures silencieuses. Il laissa la nuit s'installer le soleil éclairant une dernière fois son pelage grisâtre. La chaleur naissant dans son dos fit sursauter le félin qui se redressa, les sens en alerte. Lorsqu'il comprit l'origine du changement de température, son cœur cessa de battre de longues secondes, pour finalement se calmer et revenir à son ancienne position.

Et maintenant ? - se questionna intérieurement l'ocelot, quels sont tes plans ?

Il sembla que l'ocelot soupira. À peine trois mois après sa libération d'Azkaban il errait toujours dans les forêts de l'Angleterre, en quête de réponse. Il avait songé durant de longues semaines à venir sur Poudlard, pour finir sa formation de sorcier accomplit, mais il ignorait si Dumbledore accepterait un élève de 25 ans, et surtout s'il était toujours vivant : de nombreuses rumeurs courraient au sujet de la mort de sorciers illustres, tel que ce fameux Harry Potter.

Siruis m'en a longuement parlé – reprit Ocelot. Il s'est échappé pour le retrouver... il m'a abandonné pour retrouver sa famille. Je suppose que j'en aurais fait autant.

Sauf qu'il ne possédait plus rien. Aucune branche sur laquelle se rattrapait. Il aurait préféré mourir le jour où Volgin avait assassiné son père, il n'aurait pas du à affronter la culpabilité de ce meurtre, le regard cruel de sa mère lorsqu'il fut envoyé à Azkaban, et cette torture, ces années de souffrance, pour une erreur judiciaire...

Ses griffes se plantèrent dans le bois de la branche et il se propulsa en avant pour atterrir sur le sol, avec finesse. Le regard portait vers le manoir, il se contenta de filer avec rapidité vers celui-ci, dans le but d'en savoir plus sur les habitants qu'il abritait ; mais un mauvais pressentiment le fit s'arrêter en cours de route, pour se placer avec habilité dans les racines d'un arbre, silencieux, il entendait des bruits de pas, léger, mais pressant.

— JOUEUR / JOUEUSE —

A peine sortis de sa bouche, le souffle chaud de la mangemorte se transformait en vapeur et s’évaporait vers le ciel parsemé d’étoile. Dû moins, c’est ce qui devait être le cas, car la voûte était si couverte de nuages qu’ils ne laissaient pas même aux rayons de la lune l’occasion de baigner de leur blanche lumière le manoir des Jedusor et ses alentours. Vêtus d’une longue cape noire et caché sous une cagoule tombante, la mangemorte la plus recherchée de toute l’Angleterre s’éloignait de cette demeure qui depuis longtemps était devenue, en quelque sorte, son refuge, faute de pouvoir avoir autre chose. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi le Seigneur des Tenèbres avait choisi ce manoir en particulier, ni pourquoi il s’obstinait à y rester. Peut être l’aimait-il … était-ce simplement possible ? Vivre à ses côtés était ce à quoi aspirait la plupart des mangemorts, et Bellatrix ne s’en plaignait pas le moins du monde. Pourtant, il y avait certaines questions qu’elle ne pouvait s’empêcher de se poser, des questions auquels elle n’avait pas de réponse.

Sa baguette serrée dans sa main, la femme aux paupières lourdes errait plus qu’elle ne marchait. Les choses étaient si calmes depuis la mort de Dumbledore … qu’avait le Seigneur des Ténèbres derrière la tête ? Que préparait-il ? Maintenant que tout était à leurs pieds, la victoire semblait, inexplicablement, avoir un goût amer. Pourtant, Lestrange ne regrettait rien, car après tous les sacrifices qu’ils avaient fait, qu’elle avait fait, il lui semblait normal que dans la finalité des choses ses désirs soient assouvis. Mais maintenant qu’ils l’étaient, elle ressentait comme un vide, un manque. Était-ce que ce que ressentait le Seigneur des Ténèbres ? Étaient-ils, dans cette facette de la victoire, parfaitement accordés ? C’était fort possible, mais elle se savait assez intelligente pour ne jamais lui poser la question.

Le froid du mois d’octobre semblait avoir sur elle un effet relaxant, car ses muscles habituellement tendues étaient ce soir souple, et sa démarche semblait plus légère qu’à l’habitude. Pourquoi était-elle là ? À cette heure, elle était censée être au manoir, aux côtés de son maître et des autres mangemorts. Un besoin de solitude l’avait envahi, et pour la première fois, elle hésitait. L’avenir n’était peut-être pas si brillant que cela, finalement. Le chauve qui leur servait de ministre de la magie avait proclamé haut et fort leur ordre d’arrestation. Les choses allaient enfin bouger, mais Bellatrix ne pouvait s’empêcher de revoir dans son esprit la première chute de Lord Voldemort … Lord Voldemort … elle s’osait à penser son nom. Et si tout allait recommencer ? Et si, à nouveau, il tombait ? Elle et les autres mangemorts partiraient pour un aller simple pour Azkaban. Sa vie était-elle vouée à cela ? Un enchaînement de chutes et de victoires, sans ne jamais avoir un soupçon de répit ? Elle s’était arrêtée, sans vraiment s’en apercevoir. Puis elle se reprit. Le doute n’était pas permis dans le monde dans laquelle elle était, jusqu’au cou, empêtré. Si elle venait à perdre confiance en Lui, Il le saurait, de cela elle en était certaine. La nuit portait conseil, disait-on. Elle espérait que ce soit le cas.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Un puissant vent accompagna l'arrivée de Bellatrix. Même en plein jour, le visage de la mangemorte demeurait celui d'un parfait inconnu aux yeux du Félin qui approchait à pas feutré vers la jeune femme. Qui était-elle ? Seul le pas plus léger et le mouvement de hanches permettait à Ocelot d'affirmer que c'était une inconnue, et non un de ses bucherons qui passait de temps en temps. Cette nouvelle arrivante aiguisa la curiosité de l'Animagus qui continuait de s'avancer sans bruit pour apercevoir avec plus de distinction l'une des sorcières les plus dangereuses de son temps.

Mais qu'importe le danger, il se riait du danger. Rien ne pouvait plus l'effrayer qu'un détraqueur et rien qu'à cette idée, ses griffes se plantèrent contre le tapis de feuilles. Le bruit de froissement résonna faiblement, le vent violemment arrachant la mélodie pour l'entraîner dans les sous-bois. Seuls ses deux grands yeux grisâtres brillaient avec malice entre les puissantes racines d'un vieux chêne. Son pelage ruisselait par moment d'un rayon de lune qui se frayait un unique chemin dans les nuages, pour se ternir et disparaître de nouveau.

Le Félin hésita un court instant. Les vêtements de cette personne avait de fortes connotations magiques : un moldu se baladerait avec une doudoune, ou un grand manteau, style parka, et non une longue cape de sorcier. Et la baguette férocement attachée entre ses longs doigts ne pouvait d'éclaircir les doutes du sorcier : un confrère. Sa langue vint lécher son museau, le corps toujours tendu d'être en présence d'une sorcière, quelqu'un avec qui il devrait être proche, si ces années à Azkaban ne l'avait pas rendu distant, presque austère aux moindres contacts humains.

Mais là c'était différent, il se ressentait au fond de son être, cette personne était différente des autres. Elle semblait... fragile ? Son visage pâle, le corps frêle et emmitouflé dans cette longue cape lui renvoyait cette sensation. Il était loin du compte, et il aurait peut-être dût écouter son instinct premier pour filer à toute vitesse dans la forêt. En revanche, il continua d'avancer, pour finalement n'être qu'à quelques mètres de Bellatrix. Le pas plus sûr, il releva le museau. En un petit bond gracieux il atterrit sur l'une des branches, à hauteur de la jeune femme.

Va-t-elle se défendre – il pencha son visage de Félin, ses pattes arrières prêt à bondir sur le côté pour esquiver une attaque.

Son cœur battait vite, il tenta de contrôler sa respiration, avec difficulté, pour ne pas paraître tendu, même si son regard, vif, trahissait le moindre de ses mouvements, scrutant avec attention les réactions de la mangemorte.

Si elle n'attaquait pas, il demeurait immobile à la fixer de longues secondes.

— JOUEUR / JOUEUSE —

— Tu n’as rien vu, tu n’as rien entendu. Dégage maintenant, avant que je ne change d’avis.

— Qu’est ce que tu veux ?

— T’es vraiment débile hein. Y a pas d’ocelots en Angleterre …

— JOUEUR / JOUEUSE —

Si l'ocelot pouvait sourire, une large feinte se serai dessinée entre ses poils. Mais aucune réaction, un simple regard, prudent, méfiant sur chacun des mouvements de la mangemorte. Il ne savait rien d'elle, il ignorait tout des mangemorts si ce n'est les rumeurs de bar. Il courrait un réel danger, et tout ce qu'il se contentait de faire était de demeurer ici, impassible. Doucement, ses deux pattes avant se posèrent sur la large branche et il se coucha sous le regard de Bellatrix. Peut-être ignorait-elle la différence entre un chat et un ocelot.

Les quelques brides de conversations passèrent avec douceur dans la forêt. Plus aucun bruit n'aiguisait l'attention d'Ocelot, si ce n'est la voix de la mangemorte, prudente, murmurée. Elle craignait quelque chose, mais quoi ? Il ne pouvait le savoir, depuis des années il vivait en ermite dans une cellule d'Azkaban, et avant il demeurait loin de la vie magique avec ses parents. Elle représentait à ses yeux qu'une simple sorcière, avec une longue cape et une baguette visiblement puissante. Mais rien d'autre ; elle n'émanait aucun danger aux yeux de l'ancien prisonnier, juste une personne avec qui il pourrait peut-être jouer, s'amuser.

Retrouver le sourire, ah ça, il en avait envie ; mais au fond de lui-même, les plaies de son passé ne se refermeraient jamais, et un éternel gouffre de joie s'était crée par la faute des détraqueurs. Cette pensée lui conféra un puissant frisson, donnant l'impression d'une boule qui glissa tout le long du pelage de l'animal. C'est là qu'elle remarqua qu'il n'était pas un chat, mais un félin plus rare, un ocelot. La fierté de l'ancien sorcier lui fit relever le museau, et un regard impérieux se posa sur la sorcière, avant de pencher le visage pour la scruter de longues secondes.

Il avait une atroce envie de bondir sur elle, pour venir caresser de sa petite patte la marque visible sur son visage, mais comment allait-elle le prendre ? Il ne voulait pas subir les humeurs d'une sorcière contrariée, encore moins un soir pluvieux. Mais la tentation était trop forte. Avec douceur, il se releva pour sauter habilement sur une branche, le rapprochant du sol. Une fois sur le tapis de feuille, il se déplaça avec lenteur, montrant bien qu'il ne désirait pas l'attaquer, qu'il n'avait que des intentions pacifique.

Après quelques instances, il grimpa sur un rocher qui dépassait Bellatrix en hauteur. Son museau se rapprocha pour venir humer le parfum de la mangemorte. La sensation d'ivresse le prit et il ne put contenir un petit miaulement d'approbation. Ce fut le tour de sa patte de s'approcher, pour venir titiller une mèche rebelle de la jeune femme.

Mais un sentiment d'infériorité naissait au creux du ventre de l'ocelot. Elle semblait si puissante, elle craignait des choses, mais elle ne fuyait pas, et lui se contentait de vivre en forme d'Animagus, pour fuir la réalité, pour essayer de donner une meilleure image de lui-même. Devait-il se changer en humain, et quelle réaction accompagnerait cette transformation brutale ? Il n'était pas près pour affronter un duel contre une personne, et certainement pas un mangemort. Une sorte de soupir s'ensuivit, ses deux pattes se joignant une nouvelle fois pour lui permettre de s'allonger et fixer la jeune femme.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Sur le coup, Bellatrix se mit à hésiter. Les cours de Soins aux Créatures Magiques ne l’avaient jamais passionné durant ses études à Poudlard, et encore moins ceux qui concernaient les créatures moldus sans pouvoir … trop inutiles, à son gout. Ce qu’elle avait prit pour un animagus n’avait pas réagit à ses paroles, peut être devenait-elle folle et paranoïaque … lorsque les pattes humides du chat touchèrent les mèches tombantes de la mangemorte, ses doigts se crispèrent sur le manche de sa baguette, blanchissant leurs jointures, bien plus qu’elles ne l’étaient déjà. En fait, elle détestait les animaux ; elle n’en avait jamais eu, et ça ne lui avait jamais manqué. Elle s’immobilisa, ferma bêtement les yeux, cessa de respirer un moment. Lorsqu’elle ne sentit plus rien et que l’ocelot s’emblait partit, elle les rouvrit, et le découvrit allongé sur un rocher un peu plus haut qu’elle. Que lui arrivait-il, ce soir ? Pourquoi n’avait-elle pas tué cette bête à l’instant même où elle l’avait vu ? Son cœur battait la chamade, et elle fut forcée d’inspirer plusieurs fois afin de le calmer.

La mangemorte fronça les sourcils, puis releva brusquement sa baguette : elle n’avait pas l’intention de se faire mener par le bout du nez par un chat. Se reprenant soudainement, le regard de Lestrange se planta dans celui de l’animal, qui lui semblait bien trop humain pour être sauvage.

— Dernier avertissement.

Prévint froidement Bellatrix, plus déterminée que jamais. Cette fois, elle n’hésiterait pas à se servir de ce qu’elle était en train de pointer sur l’animal. Après tout, elle n’était plus à un meurtre près.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Elle le menaçait de nouveau. Finalement, son petit jeu ne lui plaisait pas, elle était crispée, prête à lancer un sort s'il bougeait de trop. Alors quoi ? Il allait mourir ici, dans une forêt miteuse, après être sorti de neuf d'enfer ? La mort il l'avait imploré, mais il n'était pas très désireux de la voir, et surtout pas ce soir. D'un bond félin, l'ocelot atterrit aux pieds de Bellatrix et s'éloigna de quelques pas. Il continua de la fixer, pour finalement baisser le visage.

Assit, il se redressa avec douceur, son corps changeant doucement. Le visage toujours baissé, son corps demeura au sol, un genoux posé sur le tapis de feuilles, l'autre plaqué contre le torse du jeune homme. Ses cheveux restèrent plus long, le changement ne prenant fin que dans plusieurs minutes pour les petits détails. Ses deux yeux, habitué de la même lueur qu'avant se redressèrent pour fixer la mangemorte.

Il était vêtu avec classe, une chemise noir à manche courte, une veste sans manche sombre, qui laissait entrevoir entre la chemise et le cuir une cravate, dont le nœud semblait presque défait. Un long pantalon noir, qui recouvrait à peine des rangers trouées. Le tout était surmonté d'une large cape noir, la capuche à moitié posée sur sa tête. Le vent la fit se soulever, donnant un côté ténébreux à la scène.

Il tenait fermement une baguette entre ses doigts, tout aussi sombre que ses vêtements ou les nuages menaçant. Son regard demeurait pacifiste, il était simplement sur la défensive. Quand il fut sûr qu'elle n'allait pas l'attaquer, il mit sa baguette dans une des poches intérieurs de sa veste et serra ses doigts gantés de cuir. Sa voix était douce, semblable au murmure du vent.

« Vainement ai-je échoué dans la tromperie. »

Il baissa son visage et prit un pan de cape pour recouvrir son corps frêle, encore endoloris et marqué d'Azkaban. D'ailleurs un tatouage était visible sous l'une de ses mèches de cheveux, dans son cou, juste en dessous de son oreille : A0729OG93. Elle qui était une ancienne prisonnière d'Azkaban pouvait reconnaître le caractère de ce matricule, à jamais marqué sur sa peau pâle.

« Je recherchais juste un refuge. »

Pourquoi se sentait-il obligé d'expliquer sa présence ici ? Allait-elle le gronder d'être dans les alentours du Manoir des Jedusor, famille dont il ignorait tout ? Il espérait simplement qu'elle n'allait pas vouloir se battre, il avait envie... de demeurer prêt d'elle.

— JOUEUR / JOUEUSE —

— Je vois …

— Tu t’es échappé d’Azkaban ?