Cloé, ou la manière de se faire remarquer discrètement. [A]

Et c'était censé être une matinée de vacances. Vous savez, les matinées où on est censé ne rien faire, trainer au manoir et empoisonner la vie de sa jumelle qui travaille. Ah oui, et rester au lit jusqu'à pas d'heure. Oui, mais non. Apparemment, Matthew Wicked avait décidé que les vacances de sa fille devaient être utiles et instructives. En gros, elle devait jouer les coursiers. Cool. Et c'est donc pour cela que Cloé était déjà debout à neuf heure du matin, déambulant dans le manoir Wicked un toast beurré à la main. Elle avait faillit tuer l'elfe qui était venue la réveiller une demi heure plus tôt. Heureusement, elle avait vu à temps la lettre qu'il avait à la main, et le misérable petit être avait gardé la vie.

Citation :: Cléophée Pénélope Wicked,

J'ai demandé à un ami de déposer un parchemin très important quelque part où jamais personne ne penserait le chercher. Par soucis de discrétion, nous ne pouvions pas nous rencontrer et il m'est évidemment impossible de récupérer ce parchemin avec tout ce que j'ai à faire. Je veux que tu viennes au bureau me le rapporter avant midi. Rend toi dès ce matin à Près-au-Lard. A l'est du village, se trouve un ridicule petit salon de thé rose, le Salon de Mme Pied-dodu. Place toi sur le banc qu'il y a en face, de là tu verra un vase rose où se trouve le parchemin. Débrouille-toi pour te le procurer sans te faire remarquer. Il t'es évidemment interdit d'utiliser ton balai.

Soit fière de ton nom.

Père.

En effet.. personne ne penserait jamais chercher un parchemin de mangemort dans un salon de thé rose, évidemment. Mais bon, elle n'avait pas vraiment le choix. Ce qui l'embêtait le plus c'était de ne pas pouvoir utiliser son balai pour se rendre à Près-au-Lard, ça aurait été une bonne excuse pour voler un peu. Mais non, son géniteur avait décider d'ôter toutes les parts de plaisir qu'elle aurait pu prendre dans cette histoire de pigeon. Cloé souffla et termina son toast puis elle froissa la lettre, la jeta sur la table pour prévenir sa sœur puis s'évapora.

Olala.. les transplanage c'était vraiment pas son truc. C'était pratique, certes, mais de toute façon elle ne pouvait absolument pas transplaner lorsqu'elle avait peur ou qu'elle était stressée, donc elle préférait de loin son balai, même si c'était beaucoup moins instantané. Cloé avait décidé d'attérir un peu plus à l'est du village, ou personne n'était jamais, histoire de ne pas attirer l'attention. Le temps était grisaillé, la neige recouvrait le sol et les toits mais ne tombait plus. Cloé était habillée d'une robe de sorcière longue, d'un velours pourpre. Elle avait également mis une cape doublée d'une fourrure, sachant le temps qu'il faisait en écosse. Cloé se mit doucement à marcher vers l'ouest pour rejoindre la devanture du salon de thé. Cela ne dura pas longtemps et elle put rapidement rejoindre le banc qu'avait indiqué son père. Elle balaya la neige pour s'y assoir et observa la vitrine. Il n'y avait presque personne, un vieux couple qui prenait son petit déjeuné et une femme en embonpoint qui préparait quelque chose, le dos tourné. Cloé repéra rapidement le vase rose et hideux. Elle observa l'endroit et en conclue qu'elle ne pouvait pas utiliser d'accio, la porte n'était pas assez entrouverte pour réussir à maintenir le vase en vol sans attirer l'attention. Elle devrait utiliser quelque chose de plus discret.

- Wingardium Leviosa.

C'était un sort simple qu'elle connaissait depuis toujours. Aussi, le vase se mit doucement à voler. Elle attendit que personne n'y fasse attention puis le fit descendre doucement de son étagère. Heureusement que la vitrine n'était décorée que de quelques petits cœurs qui voletaient et qu'elle avait une visibilité presque optimale. Elle fit voler le vase tout en lui faisait frôler le sol. Elle y était presque.. presque.. presque..

— JOUEUR / JOUEUSE —

Le vent hurlait dans mes oreilles, alors que mes pieds s'enfonçaient de quelques centimètres dans la fine pellicule de neige qui recouvrait Pré-au-Lard ce matin. Les mains enfuies dans les poches, je m'avançais dans l'allée centrale de ce village pittoresque, seul lieu de Grande-Bretagne uniquement peuplé par des sorciers. Autant dire que je n'avais rien à faire en ce matin glacial d'octobre, si ce n'est flâner à loisir au milieu des chaumières et magasins de toutes sortes. L'éventualité de savourer une bonne bière aux Trois Balais s'offrit dès lors à moi comme un doux réconfort après l'effort pénible de devoir affronter le froid et la neige. Mais finalement, la relative popularité du pub auprès des élèves comme des professeurs et d'autres personnalités bien pensantes me découragea à m'y rendre. Je risquais fort de tomber sur des têtes qui ne m'étaient pas inconnues et qui voudraient sans doute saisir l'occasion de partager un verre en ma compagnie. Non, je voulais rester seul, à l'écart des masses grouillantes. Dans ce cas, ne restait plus qu'une seule option: la Tête de Sanglier. Ce petit pub malfamé située dans une ruelle secondaire du village avait nettement moins bonne réputation que les Trois Balais, mais offrait l'avantage de n'être fréquenté que par des personnes de mon genre, qui ne désiraient pas être ennuyées.

Tournant à l'angle de l'allée sur la droite, j'empruntai une petite ruelle plus étroite que les autres. Au loin se dessinait la toiture délabrée de le Cabane hurlante qui dominait Pré-au-Lard. Ce lieu sinistre hautement interdit par la direction de Poudlard avait suscité la curiosité de plus d'un élève, dont moi-même à l'époque. Pour autant, je ne l'avais jamais visitée, malgré mon incessant besoin de braver les interdits.

La Tête de Sanglier était située tout au bout de la petite ruelle. J'allais y pénétrer au moment où mon regard fut attiré par une scène des plus étranges. A quelques pas seulement de l'entrée du pub se tenait assise sur un banc, une jeune fille, baguette en main. Le bras tendu, elle dirigeait sa baguette contre l'établissement situé en face d'elle. Que pouvait-elle bien manigancer ? Trop curieux pour ne pas y prêter plus d'attention, je m'avançai dans sa direction. Elle était bien trop concentrée sur ce qu'elle faisait pour remarquer la présence d'un individu s'approchant. Enfin arrivé à deux mètres à peine, j'aperçus la vitrine du salon de thé, et le vase en porcelaine qui flottait à quelques centimètres du sol. Visiblement, la jeune blonde était en train de commettre ce que certains Moldus qualifieraient de "vol à l'étalage". Sans un bruit, je vins m'asseoir à côté d'elle sur le banc. Là, elle m'avait remarqué et ma présence dut la perturber grandement car la vase manqua de justesse de s'écraser sur le sol du salon de thé. Mais elle fit preuve d'une épatante force de concentration pour maintenir sa baguette fixe et ne pas rompre le sort qu'elle avait jeté.

« Personnellement, je ne m'y serais pas pris comme ça, déclarai-je simplement, tout en sortant une cigarette de ma poche que j'enflammai aussitôt. Le plus simple aurait été de rentrer dans le salon et s'en emparer discrètement au moment où la vieille avait le dos tourné. »

Aucune idée comment elle allait réagir. En tout cas, le vase, lui, était toujours suspendu en l'air et s'apprêtait à franchir le seuil du salon, ni vu, ni connu. Je tournai la tête dans la direction de la blonde qui n'avait toujours pas ouvert la bouche. Elle devait avoir quinze ou seize ans, sans doute élève à Poudlard, en déduis-je.

Presque. Dommage.

Elle était tellement concentrée que seul le vase retenait son attention, ainsi que ceux qui étaient autour, car ils trouveraient peut être bizarre qu'un vase prenne la poudre d'escampette comme ça, sans trop de raisons. Elle n'était donc absolument pas attentive à se qui se trouvait autour d'elle, c'est dommage parce que ça aurait quand même était pratique pour pas se faire prendre comme ça. L'homme qui l'avait approché avait réussit à venir jusqu'à elle sans qu'elle ne s'en aperçoive, mais bien sûr, lorsqu'il se laissa tomber sur le banc, juste à côté d'elle, elle sentit sa cape la frôler et l'évidence se posa dans son esprit.

Elle n'avait pas était discrète.

A cette pensée, Cloé fallait perdre le contrôle de son incantation et sentit le vase piquer vers le sol avant qu'elle n'en reprenne la main, in-extremis. Elle sentit alors la sueur perler sur son front. Elle tourna la tête vers lui, il regardait fixement ce qu'elle faisait. Avait-il déjà vu son visage avec précision ? Il ne devait pas. Vraiment pas. Encore plus si il lui prenait l'idée de s'emparer du parchemin, alors sa couverture sautait. D'un mouvement sec elle rabattit la capuche de sa cape sur sa tête et accéléra le processus d'extraction du vase. Lorsqu'il se mit à lui parler Cloé eut un sursaut et perdit totalement son sort et le vase s'écrasa au sol tout près de la sortie du salon. Elle n'avait plus le choix.. :

-Accio parchemin !

Sa voix avait été un peu tremblante et la parchemin ne fit que frémir. Elle ne pouvait échouer.

- Accio Parchemin !!

Et là, le parchemin se mit à voler vers elle à la vitesse d'un balai. Elle l'attrapa, le fourra dans sa poche et se leva du banc précipitamment. Elle ne pouvait transplaner, le stress et la peur était trop présente. Tant pis, elle allait devoir le faire à la moldue, elle détestait ça. Elle aurait du prendre son balai, elle le savait. Cloé chercha rapidement un échappatoire et la cabane hurlante lui tendis les bras. Elle n'était pas loin des barbelées et ceux là n'étaient pas proches du sol. Avec finesse et rapidité Cloé se laissa glisser au sol, attrapa le fil de fer qui lui mordit la chair et tira dessus pour glisser la pente de neige qui menait à la vieille cabane. Lorsque la séance de luge improvisée se termina, Cloé se releva et se mit à courir, trébuchant dans la neige à chaque pas.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Mais bon sang ! Quelle mouche avait donc bien pu la piquer, celle-là ? A peine le temps d'entamer la conversation qu'elle rabat prestement sa capuche et file à l'anglaise. Ca m'apprendra à vouloir me montrer un tant soit peu aimable avec les gens. J'ai pourtant pas une tête de repris de justice à ce que je sache !

Encore quelque peu étonné de l'étrange attitude de la jeune fille à mon égard, il me fallut quelques secondes pour me rendre compte qu'elle venait d'emporter un parchemin tout droit sorti du vase. Voilà donc ce à quoi elle s'attelait avant que je ne la surprenne: récupérer ce foutu parchemin qu'on avait préalablement déposé dans ce vase. Et à en juger la façon dont la gamine a réagi, ce ne devait pas être une simple recette de tarte aux pommes ou même un mot doux qui lui était destiné. A présent, je vois la grosse gérante du salon à thé qui ouvre la porte à la volée et découvre les débris du vase, puis me jette un regard noir comme si j'étais responsable de l'incident. Pas le temps de lui expliquer. D'un geste rapide, j'envoyai valser ma cigarette dans la neige qui s'occupa de l'éteindre à ma place et je me mis à courir après la fille. En temps normal, je ne me serais pas amusé à me lancer à la poursuite d'un quelconque individu sous prétexte que je l'aurais effrayé. Mais là, ce changement brusque de comportement ainsi que ce parchemin mystérieux avaient suffi à me jeter sur ses traces.

Elle avait une bonne vingtaine de mètres d'avance et courait exactement en direction de la cabane hurlante. Elle n'avait tout de même pas idée de s'y réfugier ! J'espérais pouvoir la rattraper avant qu'elle n'y parvienne mais je sentais que mes jambes avaient du mal à suivre les ordres de coordination que je voulais bien leur fournir. Décidément, j'étais bien loin de mes vint ans, et la blonde devait bien en avoir encore cinq de moins. Impossible également de tenter quoique ce soit avec ma baguette. Je ne voulais pas la blesser ni la terroriser, simplement l'arrêter et lui demander des explications.

Enfin j'arrivai à hauteur des barbelés. La fille s'était glissée dessous, je ne voulais pas tenter la même opération. Avec un peu d'élan, je sautai par-dessus et atterrit dans la poudreuse, étonnamment plus abondante à cet endroit. Quel imbécile je fais parfois, un grand gamin ! J'ai trop l'habitude de me comporter comme un Moldu. Bon, où est-elle allée ? La voilà ! Elle s'est laissée glisser jusqu'au bas de la pente. J'en fis de même. La cabane hurlante n'est plus qu'à quelques mètres. Je ne sais pas s'il se trouve une porte pas condamnée ou une fenêtre permettant de s'y introduire facilement, mais je suis bien décidé à l'arrêter avant qu'elle rentre dedans si tel est son envie. Sortant ma baguette de sous mon blouson, je la tends en direction de la jeune fille qui court toujours en direction de la cabane.

« Confringo ! »

L'étincelle jaune qui jaillit du bout de ma baguette vola à toute vitesse en direction de la blonde mais ne l'atteignit pas. Elle lui frôla la joue, lui faisant peut-être croire que j'avais manqué ma cible. Au lieu de cela, l'étincelle s'écrasa de plein fouet contre l'une des façades de la cabane, provoquant une importante explosion qui fit littéralement voler plusieurs planches en éclats. C'était là mon but. J'espérais qu'en voyant l'explosion à quelques mètres d'elle seulement, cette sotte comprenne que je n'avais pas envie de plaisanter et que j'étais capable d'autres sorts de ce genre. A présent, soit elle décidait de poursuivre sa course effrénée, soi elle s'arrêtait et me faisait face, prête à me fournir des explications. A moins que ne lui vienne la folle idée de répliquer.

Décidément, Cloé, son truc, c'était le quidditch et elle était pas vraiment douée pour les autres sports. La preuve, elle avait beau faire attention à sa course elle trébuchait une fois sur deux et était quand même bien ridicule à se trimballer dans la neige en espérant pouvoir échapper à un type qui avait des jambes deux fois plus longues que les siennes et c'était quand même handicapant, heureusement elle avait démarré avant lui ! En courant Cloé, comme n'importe qui, serait les poings et sentait ses paume lui bruler sous l'effet des plaies. Ses mains saignaient, elle le savait mais elle ne pouvait pas se soigner toute seule et même si elle pouvait c'était vraiment, mais alors vraiment pas le moment.

Voyez-vous, le grand dadet qui court là derrière avait décida d'ouvrir les hostilités. Et Cloé qui était persuadée qu'il ne voudrait la toucher fut surprise lorsqu'elle l'entendit hurler un sort de bombardement. Elle ne pouvait se retourner pour voir comment le sort venait et ce fut par un énorme hasard que le sort ne l'expulsa pas à cents mètres. En effet, lorsque le sort arriva sur Cloé, celle-ci trébucha de son pied gauche et retira in-extremis la joue droite de Cloé de la trajectoire du sort. Elle l'eut pas le temps de dire 'ouf' que le sort atteignit la façade de la cabane hurlante. A ça, Cloé ne s'y attendait pas. Elle ferma les yeux et protégea sa tête juste assez tôt pour éviter les morceaux de planches et la poussière qui envahirent l'espace. Elle sentit la poussière se coller dans ses cheveux et sur ses tempes trempées de sueurs mais ne réfléchit pas, un fois la déflagration terminée elle profita de l'épaisse fumée qui obscurcissait la vue pour rentrer dans la cabane et se faufiler a l'étage pour se cacher. Elle entra par le trou du mur et se repéra rapidement dans la vieille cabane. Elle prit la porte à gauche puis longea le couloir avant de repérer les escaliers.

Elle espérait que les escaliers dissuaderaient l'homme, puisqu'ils semblaient vraiment miteux. Elle, légère, n'eut pas trop de difficultés à rejoindre le premier étage, faisant attention où elle mettait les pieds et évitant soigneusement la troisième marche et la treizième marche afin de ne pas s'enfoncer dans le bois déjà bien abimé. Elle entendait encore la respiration et les pas de l'homme, elle n'avait pas vraiment peur mais le stress l'empêchait toujours de transplaner.

Du calme, du calme..

— JOUEUR / JOUEUSE —

Quelle petite peste ! Elle avait réussi à m'échapper à nouveau. Vu de l'extérieur, la scène pouvait sembler grotesque: un adulte courant après une jeune fille qui n'avait pas daigné lui adresser la parole. J'étais pourtant plus que déterminé à la rattraper et lui expliquer qu'on ne se comporte pas de la pareille façon, surtout avec moi. Profitant du chaos qui avait suivi l'explosion un cours instant pour s'échapper, la jeune blonde s'était lancée à travers l'ouverture béante que j'avais crée dans l'une des parois extérieure de la cabane. Moi qui étais sûr que cette attaque, qui ne lui était pas initialement destiné, allait l'arrêter, je me fourvoyai complètement. Cette garce était décidée à protéger son parchemin coûte que coûte. Il fallait que j'emploie les gros moyens désormais.

A mon tour, je me précipitai dans la cabane par l'ouverture, à quelques secondes près de ma proie qui, je l'espérais, devait commencer à s'essouffler. Pas un seul instant je n'avais pensé aux conséquences qu'un tel acte pouvait engendrer: s'en prendre à une jeune fille, probablement élève à Poudlard, et la forcer à me fournir des explications que je n'étais pas en droit de lui exiger dans la situation présente. Je continuais ma route, tête baissée. Il faisait vraiment sombre à l'intérieur et il était quasiment impossible de s'y repérer au milieu de tous ces débris de bois de vieux meubles. Je brandis ma baguette en l'air et un mince faisceau lumineux s'en échappa à la suite de la formulation du sort. A l'aide de la source de lumière qui m'éclairait sur plusieurs mètres, je découvris un petit couloir par lequel la fille avait dû se précipiter. Au bout du couloir, une volée de marches qui menait au premier. J'atténuai ma respiration en ralentissant le pas et éteignit la lumière au bout de ma baguette. Arrivé au pied de l'escalier, je m'immobilisai complètement. Il n'y avait pas d'autre endroit par lequel elle s'était échappée. Soit elle m'attendait en haut, soit elle avait continué. Dans tous les cas, le simple fait de poser mon pied sur une marche l'alerterait que j'étais toujours à ses trousses.

Il fallait que je la surprenne. Le transplanage ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Je fus d'ailleurs surpris qu'elle-même ne l'ait pas utilisé, à moins qu'elle n'ait pas encore appris à s'en servir. Bien, à présent, il fallait de la concentration. La distance était minime mais l'effet de surpris devait être total. Je fermai les yeux et tentai de visualiser précisément l'endroit où je voulais atterrir, à savoir dans son dos. Après une à deux secondes seulement, je sentis un léger tournoiement m'envahir et je transplanai instantanément. Lorsque je rouvris les yeux, je pus percevoir dans la pénombre de la pièce le dos de ma proie aux cheveux blonds. J'avançai d'un pas assuré, puis un autre. Enfin, ma main vint s'appuyer rudement sur l'épaule de la fille et l'obligea à se retourner vivement pour me faire face. Mon autre main saisit tout aussitôt le bras tenant sa baguette et le plaqua contre le mur. De cette manière, elle n'était plus sensée pouvoir bouger alors que mon corps tout entier lui faisait face.

« Eh bien, je crois que tu me dois des explications, ma jolie. Commençons par les présentations. Comment t'appelles-tu ? »

Allait-elle me répondre ou à nouveau tenter une pirouette supplémentaire pour essayer de se dégager de mon emprise ?

« Je dois avouer que je n'ai pas beaucoup apprécié la façon dont tu m'as faussé compagnie… »

Elle c'était faite avoir comme une débutante, comme une enfant même. Et ça, c'était le genre de truc qui ne lui plaisait guère et pouvait la mettre hors d'elle puisqu'elle n'aimait ni perdre la face, ni avouer qu'elle n'avait pas était la meilleure. De plus, d'habitude c'était elle qui faisait ce genre de coups mesquin et le fait de se faire avoir elle même c'était tout de même rageant, voir pire. Mais voila quoi, tout de même, le coup du transplanage sur courte distance, juste derrière l'adversaire, c'était quand même super connu et Cloé n'avait même pas pensé une seule seconde à cette éventualité. Elle le savait, elle n'aurait jamais dû s'arrêter même pour reprendre sa respiration. Ceci dit, elle n'aurait pas tenu longtemps en continuant de détaller comme un lapin. Elle n'était pas le lapin pourtant, d'habitude, elle était le renard.

C'est une seconde trop tard qu'elle avait entendu le parquet craquer sous les pas de l'homme qui la traquait et elle n'avait pas eut le temps de fuir encore une fois. L'homme posa alors une lourde, très lourde, main sur son épaule et la retourna d'une façon si brusque et sévère que Cloé faillit en tomber. Elle grimaça et sentit les larmes lui monter aux yeux lorsqu'il se saisit violemment de ses mains lacérées et l'immobilisât de façon à ce qu'elle ne puisse plus utiliser sa baguette. Il lui parla, mais Cloé ne l'écouta pas, trop occupée à empêcher ses larmes de couler le long de ses joues. C'est la colère qu'elle voulait sentir monter.

Et la colère prit rapidement la place de la peur. Elle étai fâchée contre cet homme qui la traquait sans qu'elle ne fasse rien et il lui faisait mal alors de son sang coulaient le long de ses poignets. En plus de ça, il risquait de lui attirer les foudres de son père. Il voulait jouer avec le transplanage ? Elle allait jouer aussi. Elle se dématérialisa alors de l'emprise de l'homme et réapparut autre-part.

Cet autre-part ? Cet autre-part était en fait à quelques mètres de là, juste derrière l'encadrement d'une porte ouverte dans le couloir où ils étaient. Pourquoi ici et pas ailleurs ? vous aussi vous trouvez que le manoir Wicked c'était peut être une idée meilleure ? Oui, certes. Je trouve aussi. Mais c'est surement parce que c'était l'endroit le plus éloigné que Cloé avait pu considérer car sa peur n'était toujours pas apaisée. Et puis, en plus de cela, elle trouvait plus intéressant de garder ses ongles sur ses doigts. Tant qu'a faire. Elle aurait peut être mieux fait de choisir l'entrée en face, parce qu'elle se rematérialisa à quelques mètres d'un trou béant qui semblait descendre jusque dans les catacombes de la maison. Seulement, Cloé, à peine revenue dans le monde physique, avant commencé à courir vers le trou qui s'offrait à elle. Une bonne demi-douzaines de mètres s'ouvraient sous ses pieds. Et pourtant.. elle ne tomba pas.

Cool !

Enfin presque..

— JOUEUR / JOUEUSE —

Décidément, la gamine me donnait du fil à retordre, voilà qu'elle avait soudain transplané à son tour. Où donc ? Dans mon dos. Curieux, elle aurait au moins pu atterrir à l'extérieur de la cabane hurlante. A moins qu'elle n'ait pas eu la capacité de transplaner plus loin. C'était déjà pas mal, je dois avouer, d'avoir réussi à se libérer de mon étreinte de la sorte et j'avais failli perdre l'équilibre en découvrant soudain que mes mains n'avaient plus d'appui.

Je me retournai prestement pour voir la fille dans l'encadrement d'une porte, prête à repartir à la course. Seulement, elle n'avait pas vu le trou considérable qui s'offrait à ses pieds, gueule ouverte, prêt à l'engloutir d'une traite. Trois pas de plus et elle chutait pour ne peut-être plus se relever. Je devais l'empêcher à tout prix de tomber ! S'il arrivait quoi que ce soit à cette fille, j'aurais à en subir de terribles conséquences. Sans prendre le temps de réfléchir, je jetai ma baguette au sol et courrai dans sa direction. Elle devait penser que je voulais continuer la poursuite puisqu'elle avança vers le trou. Je la vis mettre un pied en avant, puis son visage changer brusquement d'expression lorsqu'elle sentit le vide sous son poids. D'un bond, je plongeai au sol et lançai mon bras en avant pour tenter de la rattraper à temps. Ouf! ma main s'était agrippée à quelque chose de solide.

« Accroche-toi ! lui criai-je. »

Dieu qu'elle était lourde ! Elle ne devait pas pourtant peser plus que la normale. Sans doute l'effet du vide ajouté à sa vitesse augmentait considérablement l'impression que j'avais de sa masse corporelle. Ma main se resserra davantage. Maintenant, il fallait la hisser hors du trou. Réunissant toute la force qu'il me restait, je tirai le bras vers le haut, m'arrachant des crispations de douleur tout le long de la colonne vertébrale. Enfin je pus me relever gentiment, permettant à la fille de s'agripper au rebord et aider à se hisser hors du trou. Quand enfin je sentis qu'elle avait les deux pieds à nouveau sur le sol, je pus lâcher prise. Tant pis si elle se mettait à courir de nouveau, il fallait que je me pose un instant. Je me laissai presque tomber d'un coup sur le sol. Visiblement, la fille aussi devait reprendre ses esprits.

« Écoute, je sais pas ce qui t'es passé par la tête au moment où tu m'as vu sur le banc, mais sache que je ne te veux aucun mal. »

J'espérais pouvoir la convaincre que je n'étais pas mal intentionné et qu'elle allait enfin daigner m'accorder la parole.

C'était stupide. Mais elle n'avait pas vraiment pensé au fait qu'il y avait d'autres crétins qui auraient pu détériorer le sol depuis la dernière fois qu'elle était venue. En effet, la fois dernière elle pouvait parfaitement traverse se corridor qui menaient directement aux chambres de servantes puis aux cuisines et enfin, au jardin. De là elle aurait pu se cacher dans la foret puis transplaner une fois qu'elle se serait calmée. Mais apparemment le sort en avait décidé autrement et elle tombait -bêtement- dans un trou de plus de six mètres de profondeur.

Là encore, le sort en avait décidé autrement. au lieu de s'écraser proprement -ou pas- dans les catacombes charmantes de la cabane hurlante elle préféra rester suspendue à.. un bras. Précisément le bras du type qui la traquait. Elle sentait sa main lui serrer le bras comme si ça vie en dépendait. Elle avait mal mais tant qu'a faire, ça serait mieux s'il ne lâchait pas. Cloé aurait de belles marques de sa petite escapades. L'homme réussit difficilement à la tirer -elle n'était pourtant pas bien lourde- et lorsqu'elle fut assise -ou plutôt affalée- par terre, il lui lâcha le bras qui prenait une drôle de couleur violette. Sympa. Elle sentit aussitôt les larmes lui couler sur les joues. Il parla, mais Cloé ne répondit pas, blessée dans sa fierté:

- Je n'avais pas besoin de vous !

Cria-t-elle alors en se relevant et en essuyant d'un mouvement brusques les larmes de rage qui coulaient sur ses joues. Sa robe était arrachée lorsqu'elle bougeait ses jambes apparaissaient ou disparaissaient au grès du tissu qui ondulait piteusement. La robe, elle s'en fichait, elle pouvait en avoir pleins des comme ça. Mais sa fierté avait sérieusement prit un coup et si elle ne rapportait pas ce parchemin à son père il serait bien déçu si ce n'est fâché. Et elle ne pouvait pas..

— JOUEUR / JOUEUSE —

La première idée qui me passa par la tête au moment où elle s'adressa à moi à moitié en pleur fut l'envie de la gifler. En plus d'être entêtée au possible, elle était foncièrement arrogante et hautaine, même si les larmes sur ses joues tendaient à prouver le contraire et affirmer son innocence juvénile. Mais je réprimai aussitôt cette idée. Déjà de un, je n'avais plus la motivation nécessaire pour me lever et lui administrer une claque dont elle se souviendrait. De deux, j'étais quasi-sûr qu'elle en avait eu pour son compte aujourd'hui question frayeur et cela n'aurait fait qu'empirer la situation. Je restai donc là, à moitié affalé sur le sol et je la regardais tenter de dissimuler ses larmes d'un revers de la manche. Sa robe était en piteux état, mais ça, elle semblait moins s'en préoccuper. Fille à papa ? Au vu du tempérament, y avait bien des chances.

Ma baguette trônait toujours par terre, à peine deux pas de moi mais j'avais la flemme de m'en saisir. Aucun de nous deux ne prononça un mot pendant quelques secondes qui lui parurent sans doute interminables. Moi de mon côté j'essayais de calmer mes nerfs mis à rude épreuve en l'espace d'à peine vingt minutes. Si elle l'avait voulu, la jeune blonde aurait très bien pu transplaner à nouveau, cette fois-ci hors de la cabane. Mais elle semblait attendre quelque chose. De ma part ? Ca paraissait étrange.

« On peut pas dire que t'es une fille commode, toi. J'ai déjà reçu plus de gratitude de la part d'un singe à qui j'avais lancé trois cacahouètes. »

Pas sûr qu'elle ait goûté à mon ironie.

« J'parie que t'es à Serpentard. J'ai raison ? Du temps où j'y étais les jeunes filles dans ton genre passaient plus de temps à prendre soin de leurs cheveux qu'à voler des parchemins dans des vases de salon de thé. »

J'espérais qu'en m'adressant à elle sur un ton plus calme elle saurait se montrer moins agressive à mon égard et moins sur la défensive. Peut-être aussi que le fait de converser avec un ancien Serpentard lui inspirerait plus confiance que s'il s'était agi d'un quelconque individu. Certaines personnes attachaient tant d'importance à l'appartenance des maisons qu'ils adoptaient une toute autre attitude vis-à-vis de leur interlocuteur, qu'il soit Gryffondor, Serpentard ou même Poufsouffle. D'autant plus que je n'avais pas spécialement de raisons de vouloir m'en prendre à elle, si ce n'est son étrange comportement de tout à l'heure qui avait nettement suscité ma curiosité.

« Et sinon, tu veux toujours pas me dire pourquoi tu t'es mise à courir juste avant quand tu m'as vu ? »

La comparer à un singe ! Comment ce vieux osait-il comparer une Wicked à un vulgaire animal, qui plus ait moche et stupide ? Non vraiment, Cloé prit rapidement sa mine choquée. Jamais on avait osé la traiter ainsi, elle avait toujours été respectée par tout le monde et là on la traquait, on la blessait et enfin, et la comparait à un singe. Cloé faillit alors se ruer sur le brun pour le rouer de coups de ses petits points, ce qui aurait été bien stupide vu qu'il l'aurait encore bien facilement maitrisée et en plus de cela, il n'aurait vraiment pas eut mal et elle se serait juste rendue stupide. Elle fronça le nez et pinça les lèvres d'une façon qui disait bien qu'elle était blessée dans son égo et qu'il ne fallait plus rien attendre d'elle. Elle croisa les bras sur sa poitrine et ferma complétement ses expressions, décidée à ne plus rien répondre jusqu'à ce qu'il se lasse d'elle. Au pire, elle pourrait jouer l'écervelée.

Elle n'était pas une fille commode, certes, -ni armoire- mais elle avait toujours était capricieuse et du genre à imposer sa lois. Pourtant, d'habitude, ça ne l'empêchait pas d'être prise au sérieux. Là elle était comparée à un singe. Il proposa Serpentard comme maison. Bah ouais, mais a c'était pas signe d'un troisième œil hein, c'était presque écrit sur son front. Jamais personne n'aurait hésité à la classer chez les verts et argent, même sans une situation si extrême où elle ne dévoilait pas son caractère à ce point. Les larmes césserent de couler le long de ses joues et fut agacée qu'il reparle du parchemin. Il fallait absolument qu'il oublie ce truc, sinon elle se mettrait sérieusement dans le pétrin. Fichue mission. Elle lui lança un regard dur mais toujours sans lui adresser une seule réponse. Il fit allusion au fait qu'il était lui aussi à Serpentard. Cloé fronça le nez. Lui ? A Serpentard ? Alors pourquoi là traquait-il sans arrêt, normalement les Serpentards ne s'intéressent pas a autrui sauf dans leur intérêt. Et là.. Cloé se demanda ce qu'était son intérêt. Elle n'était qu'une adolescente, même si elle faisait des trucs bizarres.

Et voila qu'il la comparait à une des ces pouffiasses qui sont acceptées à Serpentard par le seul fait de leur ambitions qui dépassaient de loin leurs capacités. Non, elle ne passait pas des heures sur ses cheveux, non elle ne faisait pas ses ongles tout les soirs, non elle n'avait pas peur de se décoiffer en montant sur un balai et non non non et non elle ne se maquillait pas pour camoufler son visage ! Ce mec était des plus indésirable, ne cessant de trouver des comparaisons de mauvais goût qui donnait à Cloé l'envie de hurler.

Mais elle ne dit rien, même lorsqu'il lui demanda pourquoi elle avait commencé à courir lorsqu'il l'avait surprit. Elle ne l'avouerait jamais, mais elle avait paniqué. Vraiment.