Afin de trouver un toit... [PV/Anne]

— JOUEUR / JOUEUSE —

«Jeune homme cherche famille d'accueil pour deux mois. Loyer à négocier. Serviable et discret. Pour tout contact, envoyer hibou aux Trois Balais pour Noah Puckerman.»

C'était un message clair et court. Après tout, il avait une limite de caractères. Il ne devait pas dépasser un certain nombre de lettres s'il voulait que sa demande soit acceptée auprès de la Gazette des Sorciers. Car Puck avait réussi à se faire assez rapidement au style anglais des sorciers. Ca le changeait pratiquement radicalement de son style américain, mais bon, il était parti et il ne pouvait pas faire marche arrière. On lui avait conseillé Pré-au-Lard, un petit village situé près de Poudlard, école qu'il essaierait de rejoindre pendant l'été, en tentant d'obtenir une audience avec la directrice qui lui dirait s'il pouvait intégrer l'école prestigieuse pour avoir la formation qu'il souhaite. Cependant, arrivé au village, tout ne s'était pas passé exactement comme il l'avait prévu. Le gérant de l'auberge où il avait réussi à loger quelques jours gratuitement en échange de travaux en cuisine ou bien en salle, à nettoyer le sol le soir, avait commencé à lui demander de l'argent, car malgré l'aide qu'il apportait, il fallait le nourrir et le loger. C'est pourquoi, Puck se mit à toquer à toutes les portes de Pré-au-Lard dans le but de trouver un travail. Faisant des courses pour certaines personnes, remplaçant partiellement des caissiers dans des magasins... Bref, Puck se démenait pour ramener l'argent nécessaire afin de pouvoir garder sa chambre pour au moins quelques temps. Il avait réussi à tenir trois semaines, mais il était fatigué. C'est à ce moment-là qu'une idée géniale lui vint, en lisant la Gazette du Sorcier, il vit des annonces pour diverses choses, balais ou chaudrons à vendre, des annonces de promotion dans certains magasins. Et c'est à ce moment-là qu'il vit une demande de logement. Ce n'était pas extraordinaire, mais il en avait besoin, et il lui paraissait évident qu'il devait en faire une aussi. Au moins pour qu'il ait moins à payer pour se loger, et donc un peu moins à travailler, ou du moins, dans des conditions moins stressantes.

Et c'est ce message-là qu'il avait réussi à mettre dans la Gazette. Oh, certes, il y avait des fautes, mais il fallait être court et concis. Dire ce qu'on avait à dire, pas plus. Ca lui avait coûté quelques noises pour placer cette demande de logement, il espérait de tout coeur qu'un jour quelqu'un puisse y répondre, rapidement, au mieux. On lui avait dit que la demande tiendrait deux semaines, et qu'il devrait redemander un emplacement s'il voulait réitérer la demande. Business is business. Mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Certes, il dut attendre presque une semaine avant de recevoir le hibou miracle qui lui apporta la bonne nouvelle, mais il le reçut, au moins. C'était un jeudi peut-être ? Il se leva et alla ouvrir aux hiboux qui déposèrent les lettres, Puck leur rendit à tous l'argent nécessaire puis ils partirent. D'abord, il regarda s'il n'y avait pas un mot pour lui, mais non. Rien. Il soupira. Puis, quelques secondes après, une chouette vint cogner son bec contre la vitre de l'auberge, tenant un petit mot accroché à la patte. Fronçant les sourcils, Puck ouvrit et elle tendit sa patte où le mot était accroché, tandis que le jeune homme tendait sa main pleine de quelques mornilles. La transaction fut rapide et la chouette s'envola quelques secondes après, tandis qu'il regardait si son nom était écrit sur le papier. Noah Puckerman. Oui, il y était ! Donc, c'était pour lui ! Le mot mentionnait que le samedi à venir serait la date du rendez-vous aux Trois Balais afin de faire connaissance avec la personne qui acceptait gracieusement de subvenir à ses besoins. Mais jusque là, Puck devait travailler.

C'était samedi, vers la fin d'après-midi peut-être, que Puck était assis dans une tenue qui se voulait présentable au comptoir, et pour une fois, du côté client. Ses affaires n'étaient pas encore complètement bouclées en haut, mais elles n'avaient pas non plus été complètement ouvertes, donc ça minimisait le travail à faire. Il se rendit compte assez tard qu'il ne savait rien de la personne qui acceptait de le loger, enfin, hypothétiquement, dans la mesure où il lui plairait. Il s'agissait d'une femme. Mais le pub anglais était assez fréquenté. Difficile de dire qui était là pour quoi. Donc, Puck attendit. Il discutait un peu avec le gérant, sans plus. Mais comme toujours, il lui fallait penser à quelque chose, ou bien simplement faire un geste sinon il se remettrait à penser aux évènements passés. Le soleil était encore assez haut, l'été était là. Il devait être dix-huit heure, et l'astre ne déclinerait que vers vingt heure voire plus. Donc, Puck attendit. La répétition est volontaire, je vous rassure, mais le jeune homme attendit peut-être trop en avance, et il ne fit rien de bien intéressant jusque-là. Oh, quand je disais qu'il était habillé de manière présentable, ce n'était pas un costume. C'était une tenue très moldue disons, un jean pas trop large pour ne pas faire racaille-racaille, mais pas trop serré pour qu'il se sente à l'aise. Son haut se composait d'un débardeur blanc qui dessinait plutôt bien ses muscles tandis qu'une chemise à carreaux était ouverte par-dessus. Il avait fait attention à être bien propre pour la rencontre avec la femme qui acceptait de le loger, mais il était tellement maladroit qu'il arriverait sûrement à se salir à la dernière minute. Il s'était rasé la tête ce matin-même, donc sa crête ressortait de plus belle, mais ce n'était qu'un détail. Il soupira en regardant l'heure, non pas qu'il fut très à cheval sur les horaires, mais il se demandait quand est-ce qu'il allait partir, car le temps commençait à se faire long dans cette petite auberge où le silence était une chose dure à trouver, même le soir. Mais qu'annonçait cette fois la porte du pub qui s'ouvrait ?

— JOUEUR / JOUEUSE —

-Tu as fait quoi?! s'écrie-t-il, stupéfait.

Il me fixe, et dans ses beaux yeux bleus je lis les prémices de la colère. Je ne peux m'empêcher de rougir et de baisser la tête, nerveuse, penaude comme une petite fille prise en fraude.

-Anne! me réprimande-t-il trop fort.

Il va réveiller Lola. Je ne dois pas le laisser s'énerver; je m'oblige à relever la tête, le regard, non, pas dans ses yeux, quand même, sur son menton, sa bouche. Je ne supporte pas de le voir dans cet état, répprobateur, fâché. Mais je ne vais pas revenir sur ce que je lui ai dit; quelqu'un compte sur moi. Je me racle la gorge et lui répond, tentant de mettre de l'aplomb dans ma voix qui tremble lamentablement.

-Je... J'ai... J'ai.... J'ai envoyé un hibou à ce garçon, expliqué-je pour la seconde fois. Au garçon de la Gazette. Il a be... besoin d'un logement pour l'été... Il a besoin d'aide. Je lui ai dit que nous allions l'héberger.

Le silence qui suit est plus abominable que les éclats de voix. Je résiste du mieux que je peux, mais finis par lever les yeux pour croiser son regard.
Il n'a plus l'air en colère; il me contemple avec un regard las. Se tait. Insoutenable.

-Tu es fâché? murmuré-je.

Je me hasarde à tendre la main vers la sienne, posée là sur la table de la cuisine. Il ne se dérobe pas.

-Non, Anne... Je ne suis pas fâché, soupire-t-il. Mais on ne peut pas acceuillir un mec dont on ne sait rien, comme ça, juste pour rendre service!

-Il a besoin d'un toit! m'écrié-je, avec plus d'assurance cette fois. Nous ne pouvons pas ignorer... Juste ignorer sa... détresse?... Tu voudrais qu'il dorme dans un carton?

Cette pensée me fait mal. Il le voit bien, soupire à nouveau, se lève.

-Où tu vas?

-Aux toilettes. Je vais aux toilettes.

Il s'arrête dans l'embrasure de la porte, se retourne vers moi:

-Ecoute, fais comme tu as prévu. Vas voir ce mec, paye-lui un coup à boire, discute un peu avec lui, et puis dis-lui gentiment que non, finalement, ça ne pourra pas se faire.

-Et qu'est-ce que je suis supposée avancer comme raison? m'exclamé-je avec consternation.

-Dis-lui que ton mari est un salaud! rigole-t-il en disparaissant dans la salle de bain.

Non, ça ne me fait pas rire. Le pauvre garçon... Mais je ne peux pas prendre le risque de perdre l'affection de Nick. Dûssé-je pour cela causer du tort à quelqu'un qui a besoin de mon aide...

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Il fait encore jour, bien qu'il soit déjà dix-huit heures. Il y a foule dans les rues de Pré-au-Lard; des gens sont attablés à la terrasse des cafés, sirotant leurs Bièraubeurre à l'ombre des parasols Fortarôme; d'autres entrent et sortent des boutiques, le sourire aux lèvres, des sacs en papier dans les mains... Le village respire la joie de vivre, l'été, le soleil. J'arrive à proximité des Trois Balais, et la chaleur, la bonne humeur ambiantes réussissent presque à dissiper mon anxiété.
J'entre dans le pub. Les rayons du soleil éclairent la petite pièce chaleureuse, les fenêtres ouvertes laissent entrer une légère brise. Je m'arrête sur le seuil, cherchant du regard Noah Puckerman... Je n'ai aucune idée de ce à quoi il peut bien ressembler. Je parcours du regard les visages, plaquant sur chacun d'entre eux le prénom de Noah. Ce type entre deux âges, les bajoues mal rasées et les yeux cernés, peut-il s'appeler Noah?... Non, non. Ce jeune garçon, alors, assis seul à une table? Il n'a même pas quinze ans... Non, ce n'est pas le Noah que je cherche. Celui-ci, alors?...
J'avise un jeune homme assis au comptoir. La première chose que je remarque est sa coiffure: une iroquoise, ses cheveux sont rasés sur les côtés pour ne former qu'une crête sur le sommet de son crâne. Je m'approche de lui, détaille ses vêtements, son allure. Il semble moins désespéré que je ne me l'étais représenté. Il doit avoir un peu plus de vongt ans, son corps est musclé, son visage tout en angles. Je m'attache à sa tenue, que j'englobe du regard; un tee-shirt, un jean, à la Moldue. Il n'a pas l'air méchant, il n'a pas l'air non plus au fond du gouffre. Cela me rassure; il sera moins difficile de lui dire Non s'il s'avère qu'il n'a pas tant besoin de moi.
Ah... Pourrai-je dire non?...

Je m'arrête à sa hauteur, croise son regard, lui adresse un sourire bienveillant et lui tend la main.

-Bonjour... Tu es Noah? Je m'appelle Anne Godwin, c'est moi qui ai répondu à ton annonce.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Savez-vous ce qu'est une période de micro-sommeil ? C'est à peu près au bout de soixante-douze heures d'éveil non-stop, votre cerveau se met en veille pendant quelques secondes, voire quelques minutes, alors que vous paraissez totalement éveillé. Cela lui permet de ne pas se détruire. Malheureusement, cela n'arrive pas qu'aux personnes restant éveillées pendant plus de trois jours, mais aussi à celles qui dorment mal, qui sont, en somme, exténuée. Certes, Puck avait un toit, un lit, des draps. Mais y restait-il plus de quatre heures par nuit ? Se lever excessivement tôt et se coucher à une heure où même les créatures de la nuit dorment vous donnent une allure de zombie, et un regard dantesque. C'était le cas du jeune homme. Il fixait actuellement l'horloge, dans ces périodes où un marteau piqueur perçant à côté de son oreille ne pourrait pas l'empêcher de s'endormir. Puis, il entendit quelque chose, une voix. Et il réagit très vite. Il se leva de sa chaise, surpris, se dressant devant la femme devant lui qui lui tendait la main, les yeux criblés de cernes noires et sa pupille ambre prisonnières de chaînes rouges dont le blanc de ses yeux était tâché. Certes, il paraissait en forme, mais ses yeux étaient terrifiants et exprimaient sa fatigue. En réalité, tout son corps exprimait la fatigue. Ses jambes tremblaient doucement lorsqu'il était debout, ses mouvements n'étaient pas assurés, les mots qu'il prononçait n'étaient pas articulés. Mais Puck se voulait fier et digne, pas misérable et faible. Et pourtant, il venait d'être tiré d'une phase de micro-sommeil par une petite femme qui lui demandait s'il était bien Noah. Oui, jusque là, il avait compris. Elle s'appelait Anne Godwin. D'accord. Et c'était elle qui avait répondue à son annonce. Donc, elle était là pour l'aider. Puck ne comprit pas tout, en fait, il avait du mal à discerner son visage. Il secoua la tête et frotta ses yeux.

- Pardon, excusez-moi Miss Godwin.

Il l'avait désignée comme une jeune femme non mariée, et il fut assez surpris lorsqu'il distingua très clairement son apparence. Elle était belle. C'était la première chose à dire. Belle, et timide, mais rayonnante. Certes, Puck voyait de belles femmes tous les jours, mais elle n'était pas juste belle, elle était... Bon, vous avez compris. Evidemment, ce n'était pas de l'amour qui motivait Puck, ni même le désir charnel, il n'en avait cure pour le moment, et il fut surtout rebuté en voyant, à la main tendue, une bague désignant l'union symbolique de deux êtres. Tant pis, dirait-il. Il tenta de sourire en étirant ses lèvres des deux côtés de son visage, mais ses zygomatiques durent lutter afin de conserver cette expression, ses joues tremblaient et sa main eut du mal à serrer celle d'Anne. Un autre soucis vint pour le jeune homme, la paupière d'un de ses yeux se mit à palpiter, le forçant à le fermer, et il relâcha vite la main de la jeune femme.

- Mais... euh, appelez-moi Puck, s'il vous plaît.

Ce dernier se tourna vers le barman qui le regardait d'un oeil étrange, peut-être lui en avait-il trop demandé ces jours-ci, mais bon, il ne semblait pas non plus à l'agonie. Il était fatigué, oui, mais pas sur le point de mourir. Se retournant vers Anne, il chercha ses mots.

- Je peux pour offrir quelque chose à boire, Mrs ?

— JOUEUR / JOUEUSE —

Son attitude... Mon Dieu, son attitude m'alerte. Il semble avoir du mal à fixer son attention sur moi, et maintenant qu'il me fait face, je remarque nettement quelque chose qui, de dos et de loin, ne m'avait pas frappée: il est épuisé... Il s'excuse, poli, me désignant par un Miss mal à propos que je ne pense même pas à relever, accaparée que je suis par son état de santé. Ses yeux sont soulignés de profondes cernes noires, injectés de sang; il chancelle, n'est pas très assuré sur ses jambes, et sa poignée de main est bien trop faible pour un garçon de sa stature. Je suis alarmée par ces signaux évidents d'épuisement. L'infirmière en moi ne peut s'empêcher de relever sa pâleur et les tremblements convulsifs de sa paupière. Depuis combien de temps n'a-t-il pas pris une bonne nuit de repos, dans un bon lit? Est-ce parce qu'il... Mon Dieu, est-ce parce qu'il n'a pas de lit? Oh, non... Et moi qui suis venue dans le but de lui refuser mon assistance! Pauvre garçon. Il semble pourtant gentil, et puis, si ses traits n'étaient pas aussi tirés, il pourrait être beau. La vie est si injuste. Cela me fend le coeur. Mais son attitude semble crier "Je vais bien!": lui exprimer ma compassion maintenant pourrait le blesser dans sa dignité. Nick me l'a expliqué. Les gens n'aiment pas qu'on les prenne en pitié, ils n'aiment pas se sentir faibles; j'essaie donc de ne pas laisser mes sentiments transparaître dans mon regard lorsque je m'assois près de lui sur le tabouret de bar.

- Mais... euh, appelez-moi Puck, s'il vous plaît, propose-t-il maladroitement. - Je peux pour offrir quelque chose à boire, Mrs ?

Il a corrigé son erreur de tout à l'heure, m'appelant cette fois Mrs, mais ce n'est pas ce qui me préoccupe. Qu'un jeune homme comme lui en soit réduit à quémander un toit et à tituber de fatigue indique assez sûrement des problèmes d'argent; je ne peux pas le laisser me payer quoi que ce soit. Et puis, j'ai tellement honte à l'idée que je suis supposée lui refuser mon aide... Non, je ne supporterai pas qu'il dépense de l'argent pour moi. Je lui adresse un sourire gêné.

-Non! Oui, je veux dire, c'est très gentil à toi, Noah... Puck... Mais laisse-moi te payer à boire, d'accord? Ca me fait plaisir.

Je me tourne brièvement vers le barman. Il fixe Noah - Puck - d'un drôle d'air, un peu pensif, je suppose qu'il doit lui aussi se faire du soucis pour le garçon, mais qui ne s'en ferait pas?... Je demande au barman une Bièraubeurre, laisse Noah - Puck - passer sa commande avant de continuer, d'un ton que je m'efforce de rendre léger, enjoué, malgré la honte qui me taraude et l'envie que j'ai d'allonger de force le garçon dans un grand lit moelleux [HJ: Non. Je vous interdis de comprendre cette phrase de la manière dont vous venez de la comprendre.]:

-Alors... dis-moi... Où habites-tu, ces derniers temps?...

Oh, quelle idiote. Le pauvre. C'est sans doute là un sujet sensible, que je viens de soulever innocemment - cette légèreté que je me suis efforcée d'employer se transformant en une cruauté sans nom en passant par le prisme de sa détresse...

— JOUEUR / JOUEUSE —

Elle avait refusé. Tant pis. Puck fronça les sourcils et se tourna vers le barman lorsqu'Anne eut pris sa commande, le garçon indiqua à l'homme derrière le comptoir de doubler la commande. Ainsi, chacun aurait une Bièraubeurre. Une fois qu'Anne fut installée à côté de lui au bar, Puck se réinstalla et la regarda en essayant de moins forcer son sourire pour qu'il ait l'air plus chaleureux, sans pour autant avoir l'air morbide que sa fatigue lui donnait. C'était difficile, il fallait l'avouer. Ce n'était certes pas très classe, mais Puck se contracta et s'étira sans lancer ses bras en l'air, juste en forçant sur ses muscles afin qu'ils se détendent d'eux-mêmes. Si ça, c'était pas être doué.

Il remarqua bien vite que sa gorge était sèche, il devait boire le contenu de la chope devant lui, d'abord, il la regarda, amorphe. Il saisit le manche pour le soulever mais son poing ne lui semblait pas assez serré, il devait faire quelque chose, il mit son autre main sous le verre pour le porter à sa bouche et la boire. Avalant quelques gorgées avant de reposer sa boisson sur le bar, soupirant, remuant encore une fois la tête afin d'essayer de se réveiller, Puck regarda Anne qui lui posa une question. Il sourit. Oui, c'était une question assez étrange et elle aurait pu être mal comprise par quelqu'un d'autre mais Puck sourit, simplement. Ce n'était pas posé méchamment, elle ne cherchait pas à dire quoique ce soit de mal. Le garçon fit tourner la chope entre ses doigts tandis qu'il répondit.

- Ici. Là-haut, dans l'auberge. En fait... Je travaille pour pouvoir payer ma chambre, même si j'en profite pas beaucoup, comme vous pouvez le voir.

Il rit. Certes, la situation était plus propice à des pleurs, mais il rit. Le barman était parti s'occuper d'autres clients, et lui, il rit. Ses yeux se fermèrent un peu, il les frotta, les rendant encore plus rouges. Ah, que n'aurait-il pas donné contre une bonne nuit de sommeil. Il espérait tellement qu'Anne serait l'aide qui viendrait lui porter secours. Enfin, Puck savait qu'il ne fallait pas se faire d'illusions, elle serait sûrement rebutée par son apparence ou bien... Peut-être que son alliance poserait un véritable problème, mais tant pis. Au moins, elle semblait gentille, et elle lui avait accordé quelques minutes, même si la réponse était non. Enfin, tout n'était pas perdu. Il fallait sûrement essayer de se montrer sous son plus beau jour, puisque physiquement, ce n'était pas ça, son caractère devait l'emporter.

- J'espère que vous n'avez pas d'enfants, avec ma tête je pourrais leur faire peur...

Un nouveau rire discret.

- Je plaisante... J'adore les enfants... Quoique je ne suis pas prêt à en avoir !

— JOUEUR / JOUEUSE —

Ainsi donc Noah travaille et loge aux Trois Balais... Je ne peux m'empêcher de ressentir une vague déception. L'inquiétude du barman, tout à l'heure, que j'ai prise pour une marque d'altruisme, n'était en fait qu'une réaction purement intéressée: il avait simplement peur que son employé ne soit plus capable d'assurer sa charge de travail!... Ce genre de comportement me remplit d'amertume. L'important, c'est que Noah semble être un brave garçon. Travailleur, bien élevé... Quel malheur que quelqu'un comme lui se retrouve dans une telle situation, au bord de l'épuisement, obligé de se tuer à la tâche pour ne pas avoir à dormir sous les ponts! Sa santé et sa jeunesse, gâchées par des hommes mauvais de la trempe de ce barman! Je fronce les sourcils, soucieuse, lorsque je vois sa main se tendre vers sa chope, mal assurée. Il s'en saisit, mais sa poigne est trop faible pour la soulever, et il se voit obligé d'avancer l'autre main pour la soutenir. Fatigue, faiblesse musculaire... Ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère, ils peuvent traduire bien d'autres troubles que le manque de sommeil... Hypothyroïdie... Myasthénie, syndrome de Guillin-Barré... Mon Dieu. Je me rend compte que je ne pourrai pas simplement lui dire gentiment que non, finalement, ça ne pourra pas se faire et partir sans me retourner.

Il lui faudra du repos, et il faudra que je surveille cette faiblesse musculaire. Nick ne se sert pas de son bureau; je pourrai y installer notre ancien lit. Nous laisserons notre chambre à Noah quelques temps, jusqu'à ce qu'il se rétablisse complètement: notre matelas est plus confortable. Et puis, je ferai en sorte qu'il prenne quelques repas avec nous. Je lui cuisinerai des légumes verts, des épinards. Du fer, des vitamines devraient le remettre d'aplomb...

- J'espère que vous n'avez pas d'enfants, dit-il alors, avec ma tête je pourrais leur faire peur...

Je redescends brusquement sur terre. Mince. Je me mordille la lèvre, désolée. Il n'aime pas les enfants.

Finalement, ça ne sera pas possible. Je ne peux pas l'héberger s'il se comporte mal avec Lolita.

Il rit... Oh!... Je comprends qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Je souris moi aussi, rassurée.

- Je plaisante... J'adore les enfants... Quoique je ne suis pas prêt à en avoir !

-Ah! m'exclamé-je joyeusement. Je suis contente de savoir que tu aimes les enfants. Tu t'entendras bien avec Lola... C'est ma fille, précisé-je en m'animant. Elle a bientôt dix ans! Tu verras, elle est adorable... Je suis sûre qu'elle t'appréciera. Elle est très à l'aise avec les étrangers.

Je ne me rends même pas compte du fait que j'ai employé le futur, non le conditionnel. Je plonge la main dans mon sac à main, posé sur mes genoux, et en tire une petite photographie plastifiée que je contemple un très bref instant avec un sourire plein de tendresse. Lola sur un manège, chevauchant un cheval de bois, sa bouille ronde illuminée par un sourire ravi, ses longs cheveux noirs malmenés par le vent. Je la pose sur le comptoir pour que Noah puisse y jeter un coup d'oeil.

-As-tu tout de même l'intention de fonder une famille un jour? demandé-je avec douceur. Comment... Comment imagines-tu le futur?

— JOUEUR / JOUEUSE —

Oh, elle avait une fille. Elle devait être aussi belle que sa mère. Mais cela ne se voyait pas qu'il s'agissait d'une femme déjà mariée et mère. Non, vraiment. S'il avait été dans son état normal, Puck aurait pu prétendre sembler plus vieux que la jeune mère. Et puis, Anne parla avec une telle douceur de sa fille, c'était presque irréel. Sa voix était remplie d'amour, elle l'aimait du plus profond de son être. Ca semblait presque une mascarade tant elle semblait exagérer mais... Non, elle était sûrement la femme la plus sérieuse au monde à cet instant. Elle aimait sa fille. Elle l'aimait, elle l'aimait plus que tout. Elle n'en parla pas pendant dix minutes, mais qu'elle eut prononcé un ou cent mots, l'amour que cette jeune femme ressentait pour son enfant était plus grand que tout. Et Puck l'avait compris.

D'abord, il fut étonné de voir une telle déferlante de vie, mais il fut rapidement calmé et un sourire doux se déposa sur ses lèvres encore tremblantes. La jeune femme était tellement heureuse de pouvoir placer quelques mots à propos de sa fille dans la conversation qu'elle utilisa sans s'en rendre compte le futur. Donc, elle acceptait de l'héberger ? Ou bien était-ce une simple erreur due à l'engouement que la conversation suscitait en elle ? Quoiqu'il en fût, elle fouilla dans son sac. Et là, Puck vit encore une étincelle. L'amour d'une mère à sa fille, c'était ça ? C'était cette beauté rayonnante dans la pupille d'une femme ? C'était beau de la voir sourire en pensant à sa progéniture, et Puck se sentit soudainement cruel d'obliger cette mère si parfaite -car elle lui semblait parfaite, à lui montrer sa fille. Doucement, d'un mouvement toujours incertain, mais plus par crainte d'abîmer la photographie à cause de sa maladresse et de la fatigue plutôt que par ce même épuisement, il prit l'image et l'approcha de son visage. C'était bien ce qu'il pensait. Le portrait craché de sa mère. Le jeune homme sourit un peu plus, lui faisant mal aux joues, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Elle était tellement mignonne... La photo ensorcelée montrait la petite Lola heureuse et caressée par la brise, sur un manège pour enfant que Puck avait connu à une époque qui lui semblait bien lointaine. Il rendit ensuite doucement la photo en main propre à la mère.

- Elle est magnifique. Comme vous, si vous me le permettez.

Le garçon se gratta la nuque d'une main, prenant avec un peu plus d'assurance la boisson que la jeune dame lui avait offerte, reprenant quelques gorgées avant de repenser à la question de son avenir. Oh, il n'en savait trop rien, mais il pouvait bien confier quelques uns de ses projets.

- En fait... Je viens des Etats-Unis. Je... Ma famille n'a pas eu assez d'argent pour que je continue mes études là-bas. De ce fait, je suis venu en Angleterre... Pour aller à Poudlard. J'aimerais devenir Auror, si j'y arrive, du moins. Pour la famille... J'espère que ça n'arrivera pas trop tôt, j'ai quand même envie de profiter un peu de ma jeunesse.

Il rit de nouveau, certes, il voulait profiter de la vie, mais il commençait à se rendre compte à quel point on pouvait prendre plaisir à être parent. Bah, ce n'était pas des choses pour lui, pour l'instant en tout cas.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Je rougis, touchée par le compliment qu'il me fait avec le plus grand naturel. Je doute qu'il soit sincère: la fatigue, l'enjeu qu'il y a derrière cette rencontre sont sans doute les vraies motivations de ses propos, mais je ne peux m'empêcher d'être flattée.

Nick sortirait sans doute sa baguette s'il entendait le garçon tenir de tels propos... Il n'est pas jaloux, il n'a pas peur que je me laisse séduire par un autre que lui - il sait très bien que je l'aime trop pour prendre ce risque, que le perdre me serait insupportable: je lui dois tout... Mais il a toujours l'impression que les autres hommes veulent profiter de moi, me faire du mal, et il se montre parfois un peu excessif en voulant me protéger. Je suis sa femme-enfant, me répète-t-il souvent: il m'aime comme une femme, mais aussi comme une fille, et c'est pour cela d'ailleurs qu'il lui arrive d'en aimer d'autres que moi... Je le sais, ce qu'il ignore, mais cela ne me dérange pas.

Parce qu'on aime une femme quelques temps; mais qu'on aime son enfant jusqu'à la fin du monde, et que je sais que l'amour qu'il me porte à moi est bien plus beau que celui qu'il a pour elles.

Enfin... cela ne m'empêche pas d'apprécier les mots de Noah.

C'est vrai, il est jeune, mais je le suis aussi, bien que dix ans de vie d'épouse et de mère de famille me l'aient presque fait oublier; et peu d'années, finalement, doivent nous séparer.

Noah boit une gorgée de Bièraubeurre avant de m'expliquer qu'il vient des Etats-Unis - cela explique les fautes d'orthographe de l'annonce - et qu'il espère pouvoir étudier à Poudlard de manière à devenir Auror. Cette nouvelle me réjouit au plus haut point.

-Poudlard? Ah, c'est une bonne chose! Poudlard est une excellente école. Peut-être pas la plus côtée de toutes, mais l'enseignement est de qualité, et tu verras, on s'y sent bien. Tellement bien que pour ma part, je ne l'ai jamais quittée! ajouté-je en riant. J'y travaille en tant qu'infirmière scolaire.

Je bois une petite gorgée à ma chope, songeuse. Auror... C'est rassurant. Cela prouve que, d'une, il ne cautionne pas les agissements de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom; et, de deux, qu'il a des chances de plaire à Nick. De grandes chances.

Cela me soulage. Je me rend compte que j'ai déjà, au fond, pris la décision d'accepter de l'acceuillir; mais cette excellente nouvelle quant à sa future carrière fait tomber les dernières barrières en me laissant entrevoir le moyen de désamorcer la colère de l'homme de ma vie.

-Mon mari est Auror, expliqué-je. Il faudra que tu lui parles de tes projets, il pourra sans doute te conseiller.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Le hasard devait bien faire les choses. Elle travaillait à Poudlard, et c'était là-bas qu'il songeait aller. Si ce n'était pas beau ? Enfin, il devait s'y inscrire, et être accepté. Là était la difficulté, mais la directrice n'était pas particulièrement méchante, à ce qu'il avait entendu des ragots du bar. C'était agréable de savoir qu'on l'hébergerait pour une voire plusieurs années, l'aidant dans sa formation. Il ne savait, certes, pas ce qu'il allait faire, mais il n'allait certainement pas rester dans une salle de classe toute l'année durant. C'est vrai, c'était ennuyeux de rester devant un professeur qui parle, qui parle... Mais bon, ça permettait de se reposer aussi, parfois. C'est vrai que Puck n'était pas le garçon le plus intelligent, mais il n'était pas non plus un trublion, pas trop disons. Il n'aimait pas rester assis sans rien faire, alors parfois, il se dispersait, regardait ailleurs ou bien rigolait avec les autres. Cela lui attirait parfois des ennuis, et ses notes n'étaient pas bien hautes. Une petite note d'anxiété se voyait dans ses yeux si l'on évoquait l'enseignement moldu. Sa mère l'avait bassiné avec les notions de mathématiques ou bien de science, et il avait des boutons rien qu'à l'idée de résoudre une équation. Il espérait sincèrement que Poudlard ne proposait pas un enseignement aussi... Disons, détestable. Mais outre la bonne réputation de l'école, Puck ne pouvait pas ne pas être au courant de tout ce qu'il s'y passait. C'était d'ailleurs une autre de ses motivations, il voulait participer à la bataille pour réussir à "racheter" ce qu'il pensait être "ses" fautes. Mais il ne souhaitait surtout pas y penser.

- Infirmière ? C'est un beau métier... Mais vous devez penser à tous les symptômes que j'ai là...

Le garçon rit encore une fois, mais plus un rire sarcastique. Non pas qu'il ne la prenait pas au sérieux, mais il ne voulait pas qu'elle se dise qu'il n'allait pas bien, qu'il pouvait avoir mille et unes maladies diverses et variées, de la moins grave, où il serait guéri avec un bol de soupe, à la plus virulente et insidieuse, qui le mènerait à une mort certaine. Non, il ne voulait pas qu'on le prenne en pitié. Mais il reconnaissait qu'il n'était pas en forme.

La jeune femme lui annonça que son mari était Auror. C'était une bonne chose pour lui. Une très bonne chose, même. Il pourrait même l'aider, tant mieux, car il ne savait pas trop quoi faire pour arriver à obtenir ce poste, très convoité par ceux qui souhaitent s'opposer aux sorciers se tournant vers la magie noire. Puck termina sa boisson et se tourna un peu plus vers Anne, le regard un peu hésitant, se mordillant doucement les lèvres.

- Je suis accepté alors ?

Un sourire se dessina sur son visage. Il l'espérait, Anne était une personne si douce, si aimable, gentille et belle. Il avait de la chance, son mari. En avait-elle ? Aucune idée.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Oh, mon Dieu, il y a tant d'espoir dans les yeux cernés de Noah! L'idée que je pouvais lui apporter un tel soulagement, un tel réconfort me fait chaud au coeur. Une infirmière ne se doit-elle pas d'aider son prochain? Ou est-ce par besoin d'aider les autres que j'ai choisi ce métier?... A vrai dire, je n'en sais rien. La seule chose dont je sois sûre, c'est que je vais tirer ce garçon de cette situation abherrante et faire disparaître cette fatigue qui l'accable, ces cernes noires qui abîment son visage volontaire, ces ennuis qui rendent faibles ses bras malgré leur élégante musculature. Je lui rend donc volontiers son sourire, le coeur léger, oubliant momentanément la réaction qu'aura Nick quand je lui annoncerai cette nouvelle.

-Je crois bien que oui...

Je n'espère pas de remerciements; je n'attends pas de récompense. Je suis juste... heureuse. Sincèrement, profondément heureuse de pouvoir prononcer ces mots. Tu vas voir ce type, tu lui paye un coup à boire, et puis tu lui dis que...

Non. Nick comprendra. J'en suis persuadée.

Il est temps de passer à la partie pratique de l'exercice.

-Attends, je te donne mon adresse...

Je sors un petit cahier de mon sac, une plume à encre perpétuelle et inscris avec soin le nom de ma rue, le numéro de l'immeuble.

-Voilà... C'est au deuxième étage, il n'y a pas d'ascenseur, je suis désolée... Mais c'est en plein centre de Cardiff, tu pourras sortir... lorsque tu seras un peu moins fatigué, bien sûr.

Je ne crois aps qu'il se fasse prier pour prendre quelques jours de repos. De toute façon, s'il, essaie de sortir avant d'avoir fait au moins deux fois le tour du cadran, je n'hésiterai pas lui donner une potion de sommeil.

-Est-ce que tu as le permis de transplaner? Sinon, je pourrai venir te chercher - la poudre de cheminette coûte cher, ces derniers temps. Tu peux venir t'installer à partir de lundi? Le temps que je puisse m'organiser... Cela ne te fait pas trop longtemps à attendre, j'espère?...

Lundi, c'est après-demain... J'ai soudain honte de ne pas pouvoir lui proposer de délais plus brefs. Mais il faut que je prépare la chambre, et que je m'applique à convaincre Nick que Noah est quelqu'un de bien, et que l'héberger est une bonne chose. Et puis, je dois aussi expliquer la situation à ma petite Lolita... Qu'elle ne soit pas surprise de trouver Noah dans le canapé... Elle l'aimera, j'en suis certaine. Lui, il est vraiment gentil - cette fois, je suis sûre de ne pas me tromper. Cette fois.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Enfin. Quel soulagement. Il allait avoir une vraie maison où se reposer. Il ne voulait pas s'y installer et devenir un membre de la famille, mais au moins ne pas être traité comme un étranger qu'il faut faire partir dès que le décompte est terminé. Elle lui rendit son sourire, c'était presque magique. La chance avait été avec lui ! Au premier rendez-vous, il avait été accepté ! Il se retint de ne pas se jeter dans ses bras, mais le bon sens l'en empêchait, et la fatigue aussi. Lorsque la jeune femme inscrivit son adresse sur un cahier puis elle lui donna le papier qu'elle avait délicatement arraché. Décidément, tout n'était que douceur chez cette femme. Il prit l'adresse et déposa le morceau de feuille dans sa poche, soupirant de joie.

- Merci.

Puis, elle enchaîna sur les quelques modalités, l'adresse exacte, l'immeuble, l'étage, s'excusant pour la hauteur de leur demeure. Puck la rassura en quelques mots, certes, il était fatigué et il aurait ses bagages, mais ce n'était pas bien grave, il pouvait marcher tout de même, et puis ses muscles n'étaient pas aussi puissants pour rien ! Après lui avoir parlé de l'habitation, elle lui posa quelques questions, auxquelles il répondit immédiatement.

- Oui, je peux transplaner. J'ai reçu la formation là d'où je viens.

Et elle lui demanda de venir lundi. Oui, c'était raisonnable, dans un laps de temps assez court, ce n'était pas l'année prochaine ! Et au moins, il aurait un toit ! C'est ce qu'il fallait se dire. En tout cas, Anne était pour lui la gentillesse pure, il n'y avait pas d'autres mots, elle avait réussi à lui redonner quelques forces avec uniquement des mots comme atouts.

- Vous savez, je tiens encore debout ! Deux jours de plus, ce n'est rien pour Puck !

Riant doucement, le jeune homme se leva, essayant de rester fier malgré la fatigue, un sourire doux encore accroché au visage. Il ne voulait pas trop paraître familier, c'est à dire qu'il ne voulait pas faire la bise à une femme qu'il n'avait rencontré qu'une heure plus tôt, environ, mais tout de même... Elle lui offrait un toit ! Une simple poignée de main lui semblait trop formelle. Tant pis, il lui serrait la main en guise de remerciement et d'au revoir.

- Je vous dis à lundi, alors ?

La main tendue devant lui, Puck attendit qu'elle la serre et qu'ils se disent au revoir, pour se revoir dans deux jours, où il trouverait enfin le repos qu'il attendait depuis plusieurs semaines déjà.

— JOUEUR / JOUEUSE —

La joie, pure, sincère qu'il semble ressentir me remplit moi aussi de bonheur; et c'est le coeur en bandoulière et le sourire aux lèvres que je me lève à son instar. Il semble bien moins soucieux, bien moins mal au point que lorsque nous avons échangé nos premiers mots... Oh, comme l'espérance peut être douce! Je suis si heureuse de ne pas lui avoir causé de peine. Il semble hésiter sur la manière dont il va me saluer, finit par me tendre la main. Je la serre auc chaleur.

-C'est cela... A lundi, Noah. Prends soin de toi.

Je range mon carnet, ma plume dans mon sac à main et effleure mon portefeuille. Oh! J'allais partir sans payer... J'en tire les quatre Mornille que coûtent nos consommations, les pose sur le comptoir et m'en vais, avec un denrier signe de la main, retrouver la douceur de mon foyer... à laquelle Noah, bientôt, pourra lui aussi goûter.

[Terminé]