Un après-midi d'été, entre deux ronds d'fumée (rp libre)

— JOUEUR / JOUEUSE —

C'était une trop humide après-midi du mois d'Aout, le type de journée un peu hors du temps, comme si le soleil et les averses n'avaient pas prévu leurs tours de garde, et qu'ils se retrouvaient là en même temps sans savoir trop quoi faire.

Pour Mystilène, cette météo était avant tout un calvaire vestimentaire. Elle déboutonna pour ce qui lui semblait être la centième fois sa cape de mi-saison, et la tendit à la jeune fille à se droite. A sa gauche, un elfe de maison relativement grand trottinait à ses pieds, arborant fièrement une taie d'oreiller blanc-cassé parfaitement propre, auquel avait été cousu une sorte de collier de cuir ouvragé au passage de tête.

La sorcière faisait une certaine impression. Sa robe de sorcière à manches longues, d'un tissu jaune foncé qui semblait changer de couleur selon qu'elle se trouvait à la lumière où dans l'ombre, manifestait avec gout un statut social élevé. D'ailleurs, la majorité des sorciers susceptible de se trouver sur le Chemin de Traverse en plein après-midi connaissait Miss MacGree's pour avoir vu son sourire satisfait plus d'une fois sur les feuillets Économie de la Gazette du Sorcier. D'aucun s'écartait sur son passage, voire même ôtaient leurs chapeaux en signe de respect.

Tout à fait dans son élément, la dame accordait un sourire par ci, et un hochement de tête par là.

Cela faisait à présent plusieurs minutes qu'elle déambulait ainsi à l'ombre des bâtiments du Chemin marchand, et bientôt elle tendit à nouveau la main en direction de la jeune fille, qui s'empressa de lui remettre se cape. Bien sûr elle préférait ne se déplacer qu'avec un elfe de maison ou deux, mais impossible de leur confier le moindre vêtement sous peine de les voir se volatiliser. La corporation House-Elves espérait bien parvenir à régler cette règle ancestrale, mais pour l'instant il fallait s'en accommoder... La présence de sa nièce comblait très bien cet inconvénient.

Mystilène n'avait pas pour habitude d'arpenter ce célèbre quartier. Si elle avait une course à faire, le plus souvent ses elfes s'en chargeaient, ou bien elle passait commande. Mais cette fois c'était un peu particulier.
La sorcière fronça les sourcils, et s'arrêta au milieu de la rue. Elle ôta son chapeau et mis les poings sur les hanches avant de pivoter d'un coté, puis de l'autre...

- Mais enfin Mackenzie, où est-on ? On a dû manquer l'écriteau... Cela fait des siècles que je n'ai pas mis les pieds ici..

La jeune fille, brune, qui ne devait pas avoir plus de 12 ans, et qui était elle-même très élégamment vêtue, leva le nez.

- Je ne sais pas ma Tante...

Mystilène soupira de plus belle. Continuant de regarder de tout coté, elle se mit à faire le tour de ses poches, pour finalement sortir une cigarette, qu'elle accrocha à un porte-cigarette finement ouvragé. Elle sortit enfin sa baguette en guise de briquet avant de la ranger aussitôt.

- Bon, bon, bon...

Là dessus elle inspira une longue bouffée de sa Mauve Douce préférée...

— JOUEUR / JOUEUSE —

[HRP: Je me permets de venir troubler ta quiétude, pis ça m'évite de trouver une autre situation de rencontre entre nous deux du coup Wink

]

Ah ce que j’adore cette odeur du bitume après une douce averse d’été. Le soleil qui darde ses rayons entre les nuages grisâtres inonde le revêtement mouillé du sol dont s’émane cette senteur particulière qui emplit mes poumons. Mains dans les poches de ma veste en cuir, je parcours les rues de Londres sans but précis. Comme à mon habitude, je sors d’un pub et je fais ma route jusqu’à tomber sur le prochain. Et presque comme une vienne rengaine dont je frappe le rythme au bruit de mes pas, je me retrouve finalement sur le seuil du Chaudron Baveur. A la différence prêt que cette fois-ci, je n’y mets les pieds que pour atterrir en plein Chemin de Traverse, sans passer par la case consommation. Drôle d’idée, mais je suis pas vraiment d’humeur à me poser à nouveau au comptoir pour la énième fois de l’après-midi. Je crois bien que je vais continuer mon bout d’chemin en mode solitaire avant que le besoin réel d’alcool ne me rattrape soudainement.

Bien que les mœurs des sorciers soient considérablement opposés à ceux des Moldus, le temps mitigé n’attire pas plus de monde dans les rues, d’un côté ou l’autre du Chaudron Baveur. Ca me va à merveille d’ailleurs. Je déteste les bains de foule et n’y plonge que si j’y suis contraint. Un vieux loup solitaire, comme on dit. Par contre, si la solitude est une compagne que j’apprécie volontiers à mes côtés, l’inactivité m’exacerbe au plus haut point. Je déteste ne rien faire. C’est d’ailleurs dans des périodes comme celles-ci que je passe la moitié de mes journées derrière un pilier de bar. Je connais mon cas, pas besoin d’avoir fait des années d’étude en psycho pour comprendre un type comme moi.

J’continue donc à arpenter l’allée principale du Chemin de Traverse, tête basse, sans regarder devant moi. Pas étonnant à l’évidence si j’en viens à bousculer une personne figée au beau milieu de mon chemin qui, elle non plus, ne semble pas m’avoir aperçu. Mon épaule frappe le haut de son bras de plein fouet. Je me retourne et m’apprête à sortir un désolé à l’emporte-pièce tout en continuant mon chemin. Mais mon regard s’arrête sur ce visage à l’air médusé qui n’en revient pas de ce qu’il vient de se produire. Une tête rousse surmontée d’un chapeau accordé aux teintes de l’ensemble vestimentaire qui l’accompagne, un joli minois qui plus est et deux yeux sombres qui auraient pu me foudroyer d’un puissant éclair vert si on les avait remplacés par des baguettes. En temps normal, j’aurais continué ma route sans rien ajouter mais là, impossible de bouger. J’suis comme scotché devant ce spectacle qui s’offre à mes yeux. Cette femme qui continue de me fixer comme si j’étais le dernier des parvenus (pas très loin n’empêche), a quelque chose qui m’obnubile l’air de rien. Bon, elle a la classe dans son genre chic, faut l’reconnaître. D’ailleurs, j’viens juste de remarquer la jeune fille à ses côtés ainsi que l’Elfe de maison qui se tient en retrait.

« Sincèrement désolé »

J’arrive tout juste à articuler ces deux mots qui ne sortent pas souvent de ma bouche alors que la rousse en face n’a toujours pas bronché.

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- Mais enfin !

Mystilène ne regarda pas tout de suite l’inconnu qui l’avait bousculé, trop absorbé à la triste contemplation de sa cigarette à peine entamée qui gisait à présent au sol. L’elfe de maison se précipita pour la ramasser, tacha de souffler dessus pour la débarasser de sa poussière, et la tendit à sa maitresse.

- Ne sois pas ridicule Myria ! Est-ce que j’ai l’air de récupérer les ordures ?? Fais-moi disparaitre ce gâchis.

Les oreilles de l’elfe s'affaissèrent, et ses yeux se remplir d’eau. La dite Myria considéra une seconde la cigarette encore allumée, puis l’enfourna dans sa bouche. Mais ni Mystilène ni sa nièce ne prêtèrent attention à ses grimaces. La lady ajustait à présent son chapeau, et considéra finalement l’intrus qui était entré en trombe dans son espace personnel. Elle fronça le nez et mis une main sur la hanche, aussitôt imitée par la gamine qui fixait le visage de Shawn.

- Vous avez bu, dit la lady d’un ton neutre sans trahir ni jugement ni désapprobation dans sa voix. Bon, puisque vous nous avez incommodé, ayez la diligence de nous assis...

L’elfe toussota, ne pouvant visiblement plus réprimer la douleur qui lui inondait la bouche, puis recracha la cigarette dans ses mains. Celle-ci, bien qu’humide, fumait toujours.
La gamine leva les sourcils, avant de considérer l’elfe à peine plus petit qu’elle avec un dégout amusé. Mystilène elle, ne riait pas du tout, et foudroya Myria du regard. Celle-ci se mit alors à s’appliquer le bout incandecsent de la cigarette dans la paume de la main, grimaçant d’une douleur servile, sans pour autant oser émettre le moindre son.

- Ca suffit, tu te puniras à la maison, ordonna la Lady. Pardonnez, elle fait encore des erreurs de débutantes… Peu importe. Nous cherchons la boutique de Madame Guipure.

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Mes yeux se posent tour à tour sur la femme rousse puis sur la gamine qui l’accompagne. Celle-ci semble être le portrait à l’identique de son aînée. Avec son regard dédaigneux et sa gestuelle lente et précise, elle s’applique à imiter les moindres manies de son mentor comme si elle était notée à un concours. On jurerait avoir deux sœurs côte-à-côte si leurs chevelures aux teintes opposées ne les trahissaient pas.

Je pose à présent mon regard sur l’Elfe de maison dont les agissements ne m’ont pas non plus échappé. Au moment où j’ai heurté la femme, sa cigarette a été propulsée au sol, ce qui lui a valu cette exclamation de surprise et sans doute d’agacement. L’Elfe s’est aussitôt précipité pour récupérer l’objet perdu et voilà qu’il se retrouve à devoir s’en débarrasser d’une manière carrément atroce. Ça me dégoûte. Pas le fait que l’Elfe ose offrir sa langue pour éteindre la cigarette brûlante, mais plutôt la façon dont sa maîtresse le traite. Enfin, c’est pas mes affaires.

J’entends alors une réplique cinglante qui me frappe en plein figure comme une véritable gifle. J’en crève presque de douleur. « Vous avez bu. » Le ton quasi-monocorde employé pour prononcer ces trois mots me fustige comme si j’en étais soudain réduit à cette unique considération hautement désapprouvée par les têtes bien pensantes. J’en arrive du coup à perdre mes moyens un instant. Ça ne m’était plus arrivé depuis longtemps. J’ai pas l’habitude de me faire remettre en place d’une pareille façon. Mais la milady n’a pas le temps de continuer sur le ton de son verbe assassin. Toutes deux se retournent vers l’Elfe qui tente à présent d’éteindre le reste de cendre chaud en écrasant la cigarette sur la paume de sa main. La gamine lui décoche un petit sourire sardonique tandis que la jeune femme y trouve l’occasion de la réprimander de plus belle. Sans vraiment réfléchir, je m’empare aussitôt de la cigarette devenue instrument de torture entre les mains de l’Elfe, la sépare de son porte-cigarette et la jette en bout plus loin sur le pavé tout en rendant le porte-cigarette à sa propriétaire.

« Tenez. Ça vous sera sûrement plus utile qu’à cette créature. »

L’Elfe me jette alors un regard plein d’incompréhension et de détresse. Je viens en quelque sorte de la condamner à un châtiment sans doute plus cruel que sa maîtresse se réjouit d’ores et déjà d’administrer. La gamine quant à elle m’observe à présent avec un air benêt d’étonnement auquel je réponds en lui lançant un regard noir. Dans un geste machinal, je sors de ma poche un paquet de clopes ainsi qu’un zippo dont la flamme embrase aussitôt le tabac de la cigarette. J’tire une bouffée – j’en avais bien besoin – et je réponds tout de go sans savoir que je m’adresse à l’une des femmes les plus influentes de tout l’Angleterre.

« Madame Guipure. C’est pas par là. »

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Les doigts gantés de Mystilène se tendirent précautionneusement vers son porte-cigarette, prenant garde de ne pas toucher la peau de l’homme qui le lui tendait. La fillette quant à elle se couvrit la bouche d’un air choqué lorsque l’homme jeta le mégot dans la ruelle.

-Allons allons, ce sont des manières de Moldus, nous ne jetons pas nos ordures dans la rue…

A ces mots, l’elfe Myria couru récupérer le mégot qui s’était finalement éteint de lui-même en constatant qu’on ne voulait plus de lui. Tandis que l’elfe le dissimulait dans son dos en tendant les oreilles vers sa maitresse, un sourire complaisant à destination de Shawn s’était dessiné sur le visage trop lisse de la Lady. Elle sortit un mouchoir d’une minuscule poche de poitrine, et entreprit d’épousseter son porte-cigarette ave désinvolture.

-Bien. Mais c’est que voyez-vous, cela fait des ki-lo-mètres que nous vadrouillions en vain.

Mystilène agita un peu son mouchoir devant son visage pour dissiper les volutes de fumée grises qu’exalait Shawn, avant de le faire disparaître aussi vite qu’un prestidigitateur. La fillette quant à elle, bien que loin de la source de désagrément de sa tante, se mit à toussoter.
Puis la lady se remit en quête d’une de ses cigarettes à elle, préparant à nouveau de quoi assouvir sa dépendance.

-Je ne doute pas que vous ayez des choses bien plus intéressantes à faire, poursuivit-elle d’un ton qui pouvait laisser entendre le contraire, mais néanmoins, peut-être auriez vous la bonté de nous conduire.

Enfin, avec une sorte d'empressement, elle tira une longue inspiration sur son porte-cigarette, et ferma à demi les yeux avec délectation, comme brièvement perdue avec elle-même.

— JOUEUR / JOUEUSE —

Je rêve ou cette bonne femme n’a pas plus de considération pour moi qu’un vulgaire sac à ordures ? J’ai beau faire preuve de tout le sarcasme possible et imaginable pour lui faire comprendre qu’elle et sa petite protégée m’agacent au plus haut point, force m’est de constater qu’à ce petit jeu elle est imbattable. Mon visage se crispe au moment où je l’entends me comparer à simple Moldu et je crois bien discerner le nouveau petit rictus de tout à l’heure sur le bout des lèvres de la gamine. Et malgré ma vaine tentative, l’Elfe se retrouve quand même à devoir ramasser le mégot, heureusement éteint.

Tiens, ma fumée l’incommode ? Tant mieux, c’est toujours ça. Je tire de plus belle sur le bout de ma cigarette dont le tabac s’embrase en un rien et des volutes grises s’en échappent d’un air menaçant en direction de la lady et la gamine. Pour autant, elle continue de me harceler avec son intention de se rendre auprès de madame Guipure, prétextant que toutes deux ont déjà parcouru des centaines de kilomètres à sa recherche. Ses attitudes d’aristo hautain commencent sérieusement à me courir sur le système. Elle sait pertinemment qu’elle m’emmerde et en prend davantage plaisir. Une vraie jouissance intérieure qui doit sacrément la porter en extase, cette garce. Seulement, pas un seul signe extérieur, non, l’apparence est primordiale pour ces gens-là. Bon, j’sens qu’elle va pas me lâcher tout de suite, faut que je trouve un truc. T’as fait des kilomètres ? Allez, tiens, tu vas encore en faire. Je prends une sorte d’air résigné avant de lui annoncer dans un soupir :

« Bon, suivez-moi. Mais j’vous dis tout de suite que c’est pas la porte à côté. »

J’me retourne et entame la marche d’un pas délibérément lent et nonchalant. Je jette un bref coup d’œil par-dessus mon épaule pour m’assurer que les deux suivent toujours avant de m’engager dans une petite ruelle plus étroite et pas franchement des plus avenantes. On n’est pas loin de l’Allée des Embrumes. J’continue comme ça encore un moment en changeant de temps à autre de trajectoire tout en prenant soin de ne pas passer trop près du magasin de Madame Guipure. Après une bonne quinzaine de minutes de marche harassante et trépidante, je m’arrête devant la ruelle que nous avions empruntée tout à l’heure. Je fais mine de regarder à gauche comme à droite, l’air incrédule sans accorder la moindre attention à mes deux accompagnatrices.

« J’suis plus sûr mais je crois bien que ça doit être par là… »

Faut vraiment n’avoir rien à faire de son après-midi, me dis-je. Mais ça vaut peut-être finalement mieux que de finir au fon d’un bar.