Nuit Interrompue [PV/Miki]

— JOUEUR / JOUEUSE —

Silencieusement, Kraven monta les escaliers des différents étages, que la lumière des torches éclairait toujours. Le château était désormais terriblement silencieux, et plus aucun élève ne semblait traîner encore dans les couloirs, la Grande Salle elle-même était maintenant vide et désertée. Les bougies flottantes s’étaient éteintes, les assiettes avaient disparues et, dû coin de l’œil, Zakhar aperçu les derniers elfes de maisons balayer la salle et nettoyer les tables. Le Directeur de Serpentard avait laissé derrière lui Dray Garisson, un nouvel élève qui avait fait son apparition un peu plus tôt dans la soirée et qui avait désormais rejoins les rangs des Verts-Et-Argents, pour le meilleur et pour le pire … Les tableaux, à l’habitude si vivants et si bavards, commençaient déjà à sommeiller et à s’immobiliser. A son passage, Kraven éteignis les lumières, plongeant au fur et à mesure l’école dans le noir.

Il ne mit pas longtemps à rejoindre le 5eme étage, qu’il avait quitté plusieurs minutes auparavant, en compagnie du nouveau garçon. Désormais seul, il revenait, comme le lui avait demandé Miki. Kraven devait la mettre en garde vis-à-vis de Garisson … le lycan ne le craignait pas, mais pour lors il s’en méfiait comme la peste. Il espérait simplement que le temps apaiserait les craintes qu’il pouvait avoir … Chassant le coréen de son esprit, le Directeur de Serpentard poussa la porte du bureau, jeta un regard dans la pièce afin de s’assurer que Miki y était bien toujours, avant de refermer derrière lui.

— ADMINISTRATRICE —

Après le départ de Kraven, Miki s'était allongée sur le sofa installé dans le bureau. Elle ne savait pas quand le maitre des potions reviendrait … il pouvait fort bien en avoir pour un long moment, tout dépendrait du jeune Dray. Et la directrice se doutait qu'il ne serait pas forcément des plus coopératif, surtout ce soir, en particulier avec Kraven. Elle avait senti la défiance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre après seulement quelques instants passés ensemble, et bien qu'elle sache plus que bien d'où ce sentiment provenait, elle doutait que les laisser tous les deux seuls soit la meilleure solution pour l'instant. D'un autre côté elle n'en voyait aucune autre à ce moment précis, la fatigue accumulée ne l'aidait clairement pas à réfléchir posément sur ce sujet, et elle faisait de plus confiance à Kraven pour parvenir à démêler une telle situation. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à jeune loup plus ou moins révolté, aucun doute qu'il saurait gérer le nouvel élève, même si il y aurait probablement quelques anicroches par endroit.

Petit à petit, Miki tombait dans une douce torpeur réparatrice, un sommeil léger l'enveloppait doucement et elle commença à rêver tout en réfléchissant … Et si jamais Lee finissait comme Dray, ou tout autre loup garou qu'elle avait déjà croisé, hargneux, enragé par une condition qu'il sera forcé de subir au quotidien au lieu de l'accepter et d'apprendre à vivre avec. Certes ce n'était pas juste, mais la vie ne l'était jamais après tout, alors bien sur, certains tiraient de meilleures cartes que d'autres, mais la jeune directrice pensait que ce n'était pas pour cela qu'on ne devait pas aller de l'avant. Et ressasser sans arrêt quelque chose que l'on ne pouvait changer ne permettait pas de le faire.
Les minutes passèrent rapidement sans qu'elle ne s'en rende compte, ainsi bercée doucement par un semi rêve. Elle n'entendit même pas Kraven entrer dans le bureau, c'est à peine si elle remua lorsque la porte se referma dans un bruit un sec.

— JOUEUR / JOUEUSE —

La porte fit plus de bruit qu’il ne l’aurait voulu, mais Miki, allongée sur le sofa du bureau, ne sembla pas y faire attention. En fait, elle ne sembla même pas prêter attention à son arrivé, et Kraven s’appliqua alors à ne pas faire de bruit. Il s’approcha doucement du canapé avant de baisser la lumière du bureau de manière à plonger la pièce dans une semi-pénombre. Il s’accroupit ensuite à côté du sofa, et commença à caresser les cheveux de la jeune femme afin de la réveiller. La laissant émerger, Kraven se perdit l’espace de quelques secondes dans ses pensées. Sans la quitter des yeux, il vint à se demander ce qu’il serait devenu sans elle, sans son aide, sans sa chance … serait-il resté en Angleterre ? Certainement pas. La jeune femme lui avait donné la chance dont il avait besoin lorsqu’il en avait besoin, et il ignorait si elle savait ou non à quel point il lui était en était reconnaissant. Ils n’avaient jamais vraiment parlé de cela jusqu’à présent … Il repensa à ce qu’il avait fait, à ce qui c’était passé, et à ce qu’il était en train de faire. Lorsqu’il avait quitté la Russie plusieurs années auparavant, pas une seule seconde il ne s’était imaginé que les choses tourneraient ainsi.

Lorsque le lycan vit Miki ouvrit les yeux, il lui sourit tendrement.

— Rentre Miki. Tu es exténué …

Lui proposa doucement le directeur de serpentard. Les affaires du château n’étaient pas à quelques heures près.

— ADMINISTRATRICE —

Miki fut doucement réveiller par les caresses des doigts de Kraven dans ses cheveux, et sans regret elle quitta ses rêveries pour se retrouver dans les bras de son amant. Elle aimait être avec lui, appréciait sa présence, sa chaleur, bien plus qu'elle ne l'aurait cru au départ. Leur arrangement d'origine s'était transformé en réelle affection. Il était amusant de constater comment les choses que l'on croyait avoir sous contrôle évoluaient souvent de façon inattendue.
Après s'être longuement étirée, la jeune directrice vint déposer un doux baiser sur les lèvres du lycan.

« Ça va aller. Les enfants sont chez mon frère et ils dorment. Autant régler cette histoire maintenant, je pourrai rentrer plus tôt ce soir. »

Sourit la jeune femme en venant s'assoir sur le rebord du sofa avant d'aller préparer à nouveau du thé.

« Tu penses qu'il a deviné ce que tu es ? Ou alors qu'il a juste senti que tu n'étais pas tout à fait ... »

Elle n'aimait pas utiliser le mot « normal » dans un tel contexte, il ne voulait rien dire.

« Que toi aussi tu avais un don particulier ? »

Miki n'avait pas besoin d'une lutte intestine au sein de l'école entre un garou et un lycan pour tenter d'établir un rapport hiérarchique entre les deux, mais elle savait aussi que Dray ne se soumettrait pas facilement aux règles de vie de l'école. Les seules règles qu'il devait observer étaient celles qu'il fixait lui même … et cela ne présageait rien de bon.

« Je suppose qu'il aura une adaptation assez … difficile parmi nous. »

Dit simplement la directrice, presque à regrets.

« Si jamais tu sens que les choses commencent à prendre une mauvaise tournure tu me préviens, d'accord ? Je ne tiens pas spécialement à attendre qu'il soit trop tard pour agir. »